On a marché dans la disneyland

J'avoue être bluffé par ce projet, tout d'abords par l'audace d'aller tourner sans autorisation dans ce cirque, ensuite d'en avoir sorti une fiction qui vient symboliquement dévoiler l'abrutissement qui y règne et l'envers du décor, sans oublier d'écorcher cet univers pervers d'hypnose des masses. Je m'attendais à beaucoup plus foutraque ou inepte mais le scénario se tient, les cadrages sont soignés, les comédiens convaincants...

L'emploi du noir et blanc rend le climat atemporel et n'est pas sans évoquer "The amusement park" de Georges Romero (1973), un autre type de pétage de câble en parc d'attraction.

Le film ne se contente pas d’être un pied-de-nez au service d'ordre de chez Disneyland, il insiste et averti en nous montrant des files interminables pour tomber sur une fermeture, prise de tète avec d'autres visiteurs, égarements, énervements et même maladie par transmission de virus ! Il nous montre à travers son protagoniste un malaise plus profond qui ronge les usa, à savoir l'emprise du divertissement/abrutissement qui se manifeste chez lui par l'obsession sexuelle, la saoulerie et la psychose alors qu'il est en charge de ses enfants.

Aux deux tiers du film, on décolle vers le delirium avec des personnages imaginaires. Que ce soit en cobaye dans un laboratoire futuriste ou aux prises avec une sorcière, tout est axé pour nous mettre en exergue les aspects pervers de cette industrie du divertissement qui mêle séduction et bourrage de crane des petits tout en ouvrant les portes du régressif chez les grands.