A travers ce documentaire, qui raconte la genèse très mouvementée de Sur le globe d'argent, on parle en substance de la vie de Andrzej Zulawski. La forme est assez particulière, mêlant des interviews en noir et blanc, parfois décadrées, avec beaucoup de collaborateurs et de proches interrogés (sa coscénariste, son chef opérateur, son fils ainé, son frère, Gilles Jacob...), qui racontent un tournage complètement fou, pour un film qui sortira en salles 12 ans plus tard.
Après un exil de trois ans en France, où il tournera notamment L'important c'est d'aimer, Andrzej Zulawski revient en Pologne sur une proposition du gouvernement ; réaliser un grand film de science-fiction polonais. Il adapte alors un récit de son grand-oncle, paru au début du XXe siècle, avec des moyens considérables, dans des conditions malgré tout difficiles, mais au fur et à mesure des rushes, les autorités ne voient pas dans Sur le globe d'argent le film qu'ils espéraient, mais une charge assez violente contre le régime communiste.
Alors qu'il ne reste que 20 % du film à terminer, le tournage sera stoppé, le négatif saisi, et Andrzej Zulawski sera prié d'aller faire ses valises, où il retournera vers l'Ouest pour tourner Possession en 1981. Le régime communiste polonais va néanmoins s'assouplir à la fin des années 1980 et Zulawski aura de nouveau accès aux rushes de Sur le globe d'argent, et ainsi pouvoir enfin terminer le film. Seul problème : les costumes et les acteurs ayant disparus, le réalisateur va devoir combler les trous par une voix off ainsi que par le tournage de quelques scènes dans Varsovie. Le film sera ainsi montré au Festival de Cannes en 1988, dans une forme à jamais inachevée, et il subira un échec cuisant.
Le mérite du documentaire est de montrer Andrzej Zulawski sous un jour peu enviable ; il est à la fois montré comme charmeur, charmant (au point qu'il aurait pu être acteur tant il était beau gosse), mais aussi colérique, tyrannique, égocentrique, et donc difficile à vivre pour ses proches. Mais au fond, l'oeuvre reste, et si je ne suis pas fan de Sur le globe d'argent, dont je reconnais que pris séparément, les extraits qu'on voit sont toujours impressionnants, le film m'a laissé de marbre. Mais c'est tout à l'honneur de ce documentaire d'être très franc sur ce qui s'est passé en 1976 et l'année suivant dans la vie et la carrière de Andrzej Zulawski.