Pendant le Blitz, Stephen sort d’un asile après une peine de 2 ans. Alors qu’il aspire à retrouver une vie simple, il ne lui faut que quelques heures et un mystérieux gâteau pour se mêler malgré lui à une affaire d’espionnage ! Si « Ministry of Fear » est adapté d’un roman de Graham Greene, son sujet parait typiquement hitchcockien, avec ce héros presque ordinaire embourbé dans une conspiration qui le dépasse. Il y a d’ailleurs quelques petites similitudes avec « North by Northwest », future référence du film d’espionnage.
Quoi qu’il en soit, on ressent bien la patte de Fritz Lang. D’abord dans le scénario antinazi, mais évidemment dans la mise en scène. Le réalisateur utilise des relents d’expressionnisme pour poser son ambiance. Les jeux d’ombres permettent d’exprimer doutes et menaces, quand certaines scènes sont carrément à la limite du fantastique. Avec par exemple cette étrange kermesse, bien trop avenante pour être honnête, ou cette séance de spiritisme. La galerie de personnages s’avère quant à elle inquiétante à souhait. En effet, le film démarre avec des personnes affables masquant des agents secrets. Tout le monde devient alors suspect dans le reste de l’intrigue !
Une intrigue par ailleurs bien ficelée, qui exploite avec adresse le contexte du Blitz (bombardements quotidiens, paranoïa…). Et qui s’avère portée par une mise en scène inspirée, offrant plusieurs originalités : jeux de miroirs reflétant les apparences du monde de l’espionnage, ou certains travelings mouvementés pour l’époque.
Enfin, Ray Milland est convaincant en protagoniste qui tente de s’extirper d’un bourbier, tout en étant handicapé d’un lourd passé. Du bon Fritz Lang, du très bon film d’espionnage !