Pour son deuxième film d'horreur (le premier étant "La Maison de cire"), le réalisateur Jaume Collet-Serra s'attaque au mythe de l'enfant tueur. Il utilise avec justesse les deux heures de film, en prenant soin d'installer l'histoire et les personnages dans la première demi-heure. Une légère tension est néanmoins déjà présente que ce soit par une scène d'introduction choc ou par de petits sursauts causés par des choses pourtant anodines (des enfants qui passent en criant dans une scène silencieuse). Jaume Collet-Serra s'amuse avec les codes du genre : le camion qui manque de rentrer dans une voiture, le miroir coulissant. Puis Esther rentre dans la partie et l'angoisse devient alors réelle. Jouant avec les faiblesses des adultes et la crainte des enfants, la petite fille manipule son entourage avec une facilité déconcertante. La mère est la seule adulte à se douter que quelque chose est anormal mais elle est incomprise par son mari qui ne rêve que d'une vie tranquille sans histoires. Très proche d'un thriller psychologique, "Esther" s'impose pourtant comme un vrai film d'horreur grâce des scènes gores (crâne fracassé avec un marteau, oiseau écrasé par une pierre, un accouchement sanglant, corps poignardé à coups de couteaux) qui par leur agressivité soudaine parviennent à surprendre et même à choquer. Le réalisateur dérange (séquence à la limite de l'inceste) et terrifie à la fois (avec une scène dans un jeu d'enfants digne d'un très bon slasher) et n'hésite pas à ajouter une touche de poésie avec l'attendrissante Max (qui est sourde de naissance). On retiendra les performances des deux actrices principales : la terrifiante Isabelle Fuhrman et la touchante Vera Farmiga, ainsi qu'une ambiance particulière renforcée par les paysages enneigés et gelés (pourtant non prévus dans le scénario initial) et un rebondissement final impossible à deviner.
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