One Night with the Stinking...
Esther, reine de Perse ou originellement « One Night with the King » est un pur navet. De la trempe de ces mille et une télé-suites rediffusées chaque année lors des fêtes hivernales qui adaptent avec trois francs six sous contes orientaux, fables féeriques et légendes fantastiques.
Le film reprend donc le Livre d'Esther, épisode de l'Ancien Testament qui a déjà enfanté une prolifique iconographie, notamment mis en vers par Racine et en pigments par Botticelli, Véronèse, Rubens ou encore Chassériau. Le récit étant relativement succinct, il a bien fallu broder, rajouter des ornements et des décorations et c'est ainsi qu'une tragédie biblique devient romance à l'eau de myrrhe. L'histoire n'a plus aucun sens et est une succession de scènes se voulant intenses mais tombant avec pugnacité systématiquement à plat. Le scénario n'est pas non plus aidé par ses ralentis et ses flashback floutés kitsch ni par un casting totalement transparent. Après le Xerxès eunuque du 300 de Miller, le Roi des Rois est ici un mollusque métrosexuel, James Callis joue pour sa part un Gaïus Baltar expurgé de toute son ambiquïté pour devenir Nazgul nazi, la reine enfin n'est qu'une petite idiote inconsistante.
Bien évidemment, rien de perse ou de biblique dans la forme. Les décorateurs-costumiers sans le sou ont fait un travail sans sel ni saveur des plus paresseux, à commencer par le choix par défaut d'utiliser une ambiance indianisante moderne en allant tourner à Jodhpur dans les mêmes décors que the Fall et sans doute une partie de the Dark Knight Rises. Le décalage est équivalent (et encore...) à faire un film sur les Gaulois en utilisant Chambéry et Versailles pour Alésia. Mais qu'importe le souci de véracité historique ou de respect biblique ! ce cocktail de poncifs exotiques, lorsqu'il est assumé, maîtrisé et doté d'inventivité peut tout à fait être prompt à charmer l'œil et à susciter la nostalgie d'un pays qui n'a jamais existé qu'en peinture et au cinéma.
En l'occurrence, les ambiances souhaitées sont ridiculement ratées, qu'il s'agisse des riches palais scandés de piliers moulurés, de la chambre du roi, cabane éthérée de mousseline bleutée ou encore de la salle du trône bien loin du Palais aux cent Colonnes de Persépolis. Sorti du patrimoine indien local déjà très mal mis en valeur par ses cadres et l'éclairage, le réalisateur est condamné à tourner en plan serrés pour ne pas montrer l'inexistence des décors, ce qui malheureusement ne peut pas cacher le jeu des acteurs tout aussi absent.