C'est sans doute le film le plus cher au coeur de Robert Redford parce que le plus proche de sa personnalité la plus intime, on y retrouve sa grande sensibilité qu'il déploiera encore dans L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Il raconte un peu la façon dont il a été élevé, avec le même genre de morale stricte, il y est question d'écologie et d'amour de la nature, thèmes chers à son réalisateur, mais aussi d'une opposition de 2 choix de vie, l'un sérieux, l'autre dissipé, en montrant la fascination muette qu'ont 2 frères l'un pour l'autre. Du coup, Brad Pitt qui trouvait là son premier vrai grand rôle, ressemble comme un frère à l'acteur-réalisateur jeune, et s'est projeté largement dans ce personnage de rebelle sensible, en donnant au film des airs d'autobiographie déguisée.
Redford filme lentement et fait jaillir l'émotion d'instants fugitifs ou de non-dits chargés de sens, il n'y a pas beaucoup de rythme, il ne se passe que du quotidien, et le rituel de la pêche à la mouche se situe au centre de toute l'histoire, mais c'est traversé par quelques fulgurances. Cette chronique humaniste bien soutenue par la musique de Mark Isham, et éclairée par la superbe photo de Philippe Rousselot est un hymne lumineux à la nature au coeur du Montana, qui délivre une note sensible en faisant vibrer le coeur, même si ce n'est pas le genre de film que je préfère ; mais de temps en temps, voir des films de ce type me repose des films d'action, ça nettoie l'âme quelque part et ça purifie l'esprit.