Mais si, André Bonzel, celui qui a co-réalisé le stupéfiant C'est arrivé près de chez vous... Vous connaissez. Enfin, vous pensiez connaître, tout comme le réalisateur qui se découvre lui-même au fur et à mesure du docu auto-biographique très joliment romancé : voici le sexagénaire qui ouvre une malle et trouve des vues de cinéma, y applique tantôt des souvenirs tantôt des imaginations romantiques d'une vie possible, de passés qui pourraient être ceux des personnes sur les vues... On pensait qu'on allait s'ennuyer ferme (les autobio sont parfois surtout des auto-satisfactions, qui nous laissent de marbre), et puis on s'est laissé porter par la narration tout en douceur, par la musique inspirée de Benjamin Biolay (chapeau à l'artiste, la musique se repère comme un élément subtil et réussi tout au long du film), par les tendres récits de vie qui sont (ou pourraient bien être) ceux des fantômes sur pellicule, mêlés aux souvenirs (parfois très durs, comme le portrait du papa de Bonzel, épouvantable) du cinéaste sur sa propre famille. Il revient aussi sur ses propres tocs (son rapport chaotique à la nourriture : il ne mange que des pommes de terre) avec un regard extérieur, une introspection pleine d'humour (le vieux monsieur n'espère jamais nous accabler, il n'est pas triste !) et de poésie, un petit bijou qu'on n'attendait pas. Résolument romantique, avec un délicieux montage et une bande-son très soignée, Et j'aime à la fureur est une sacrément bonne surprise, qui comblera d'autant plus ceux qui ont un amour particulier pour les anciennes vues du cinéma (on plaide coupable avec plaisir).

Aude_L
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Festival d'Alès Itinérances 2022 et Meilleurs films 2022

Créée

le 11 avr. 2022

Critique lue 282 fois

5 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 282 fois

5

D'autres avis sur Et j'aime à la fureur

Et j'aime à la fureur
blacktide
8

Images de notre temps

Où sont donc passées ces années ? Que reste-t-il de ce père qui passa un jour ses doigts dans la chevelure de son fils ? Que reste-t-il de cette femme vacillant de bonheur sur un petit bout de plage...

le 12 juin 2022

12 j'aime

4

Et j'aime à la fureur
Aude_L
8

On a aimé la douceur

Mais si, André Bonzel, celui qui a co-réalisé le stupéfiant C'est arrivé près de chez vous... Vous connaissez. Enfin, vous pensiez connaître, tout comme le réalisateur qui se découvre lui-même au fur...

le 11 avr. 2022

5 j'aime

Et j'aime à la fureur
BenoitRichard
7

pour l’amour du cinéma… et des filles !

André Bonzel, ce nom me dit peut-être pas grand-chose à la plupart des cinéphiles et plus particulièrement à la génération d’aujourd’hui, et pourtant cet homme né en 1961, âgé aujourd’hui de 60 ans...

le 24 avr. 2022

4 j'aime

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

40 j'aime