J'étais un peu récalcitrant à l'idée de regarder ce film parce que je ne suis pas fan de C'est arrivé près de chez vous et le mélange Benjamin Biolay et "histoire qui pourrait être la nôtre" sentait le film de bobos à plein nez. Cependant, Bonzel parvient à faire quelque chose d'assez remarquable, c'est-à-dire réussir en racontant l'histoire de sa famille, ses souvenirs de jeunesse et ses amours perdus, à retracer, en quelque sorte l'histoire du cinéma... comme ça, sans avoir l'air de trop y toucher... Le tout en étant assez touchant.


J'aime assez le procédé qui consiste à récupérer des images, à se les approprier et faire comme si ces images de parfaits inconnus illustraient notre propre vie. Tout ça me rappelle un peu le cinéma de Jay Rosenblatt dont j'admire le travail.


Donc Bonzel en mélangeant ses vidéos issues de ses archives familiales et celles de parfaits inconnus évoque, sans détour, la vie. J'insiste sur le "sans détour", parce que ça fait la force du film, il n'a pas honte d'évoquer des gens de sa famille qui ont collaboré, qui ont balancé ensuite des noms à la libération par vengeance... Il n'a pas honte non plus de parler du sexe, du rapport quasiment maladif que les gens de sa famille pouvaient avoir avec lui. Et tout ça sans sombrer dans le mélodrame. Le film est certes mélancolique, on sent une certaine langueur, mais il n'est jamais désespéré, il n'est jamais lourd. Ce qui est raconté ici, c'est juste la vie, avec ses hauts, ses bas, ses moments bien : l'amour, ses moments moins bien : l'absence d'amour.


Et en disant tout ça, il fait surtout le parallèle entre sa famille et le cinéma qui se développe petit à petit, et notamment le cinéma amateur. Il y a toujours quelque chose de touchant à voir des vieilles images qui sortent un peu d'on ne sait où, dont on devine le contexte de tournage et qui sont plus ou moins intimes. Ces filles qui se déshabillaient devant la caméra déjà il y a cent ans... les filles qui rougissent quand on les filme... ces enfants qui jouent... C'est vrai, ça a quelque chose d'universel. Ces visages ont quelque chose de touchant et Bonzel arrive, en faisant de leur histoire la sienne, à ne jamais rendre ça voyeur.


En tous cas j'aime beaucoup le côté aigre-doux qui se dégage du film.

Moizi
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films vus en 2022 et Les meilleurs films de 2022

Créée

le 12 oct. 2022

Critique lue 1.4K fois

21 j'aime

Moizi

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

21

D'autres avis sur Et j'aime à la fureur

Et j'aime à la fureur
blacktide
8

Images de notre temps

Où sont donc passées ces années ? Que reste-t-il de ce père qui passa un jour ses doigts dans la chevelure de son fils ? Que reste-t-il de cette femme vacillant de bonheur sur un petit bout de plage...

le 12 juin 2022

12 j'aime

4

Et j'aime à la fureur
Aude_L
8

On a aimé la douceur

Mais si, André Bonzel, celui qui a co-réalisé le stupéfiant C'est arrivé près de chez vous... Vous connaissez. Enfin, vous pensiez connaître, tout comme le réalisateur qui se découvre lui-même au fur...

le 11 avr. 2022

5 j'aime

Et j'aime à la fureur
BenoitRichard
7

pour l’amour du cinéma… et des filles !

André Bonzel, ce nom me dit peut-être pas grand-chose à la plupart des cinéphiles et plus particulièrement à la génération d’aujourd’hui, et pourtant cet homme né en 1961, âgé aujourd’hui de 60 ans...

le 24 avr. 2022

4 j'aime

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

496 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

305 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

246 j'aime

61