Deuxième film de la trilogie de dollar, et déjà on sent un net progrès par rapport à son prédécesseur. Là où Pour une poignée de dollars pouvait parfois paraître un peu timide ou en retenu, comme si Leone ne voulait pas trop s’éloigner de l’œuvre de Kurosawa ; ici, on sent non seulement une plus grande liberté dans l’intrigue et les personnages, mais également une certaine maturité dans le fond. On retrouve ainsi les thèmes de la vengeance, de l’amour perdu, de l’amitié, le tout enrobé d’un cynisme assez cinglant sur fond de braquage de banque et de chasseurs de primes. Et on se régale du début à la fin, sans le moindre temps mort, tant tout est si bien rythmé.
Encore une fois, aucune précipitation, Leone prend bien le temps d’introduire son univers (qui s’étend beaucoup pour l’occasion) et ses personnages. Encore une fois, la scène d’ouverture est une merveille, l’introduction du personnage du Colonel est un régal, tout comme celle du Manchot, mais c’est encore une fois celle de l’Italien qui pose directement le ton du personnage. C’est d’ailleurs une de mes scènes préférées du film, avec le final. Si on s’éparpille un peu moins en personnages secondaires, l’histoire nous présente là un trio de personnages extrêmement forts et charismatique, chacun à leur manière, et chacun avec leur propre tragédie. Cela ne rend le film que plus palpitant dans son dernier acte. Final qui sera un pur régal, non seulement parce que la tension est très bien rendue, mais aussi parce que l’évolution et la quête des personnages est complétées.
Le tout est servi par un casting magistral. Alors certes, comme je l’ai dit, il y a peu de second rôle, et à part Niño, Groggy et le Bossu, aucun ne m’a vraiment marqué mais ce n’était pas mauvais non plus. Ca faisait juste très bien le taff (et puis ces sales gueules de méchants qu’ils ont quand même pour certains). Non, le clou du spectacle, c’est bien sûr le trio incroyable Eastwood, Van Cleef et Volontè. Les trois créent un trio purement fantastique où la dynamique entre les personnages est réellement palpable. Chacun aura son propre catalogue dans lequel il piochera, mais tous seront impressionnants. J’ai presque envie de dire qu’on a même l’impression qu’Eastwood se met un peu en retrait pour laisser les deux autres briller.
Quant à l’aspect technique, je n’ai absolument rien à redire. Certes, le film a un peu vieilli sur certaines cascades et astuces de mise en scène, mais l’ensemble est pratiquement parfait. La musique d’Ennio Morricone est une merveille (et j’ai découvert avec plaisir cette petite mélodie si importante de l’horloge), les décors sont fabuleux, à la fois vastes, variés et « vivants » (autant qu’on puisse décrire le désert vivant). Et la mise en scène de Leone a vraiment atteint un cap sur ce film, gommant les rares problèmes que j’avais pu noter dans Pour une poignée de dollars. J’aime énormément le jeu des plans sur les visages et le montage qui en découle, mais il y a également les plans d’ensemble, le final (qui est un bijou), les scènes d’intro des personnages… Bref, Sergio Leone se libère complètement sur ce film, se fait plaisir et nous régale !
Là où il m’arrivait encore de confondre les deux premiers films de cette trilogie du dollar, il est désormais clair dans mon esprit qu’il s’agit bien de deux films différents. Non seulement leur ton et leur dynamique est différente, mais on sent avec ce deuxième opus une véritable maturité dans la réalisation et les personnages. Cette suite est une pure réussite et sans doute un des meilleurs films du genre que j’ai pu voir. Reste donc à conclure cette trilogie, et les attentes vont être hautes puisque j’espère observer la même progression, et puis on parle surtout d’un film du top 10 d’IMDb et du top 5 de SensCritique… Bref, on parle d’un des plus grands classiques du cinéma qui reste à accrocher à mon tableau de chasse.