Immense messe solennelle.
1984. Certains disent que Fellini n'est plus le cinéaste grandiose et terrassant qu'il était auparavant. Si le film parait moins forain et grandiloquent que ses œuvres précédentes, il n'en reste pas moins une superbe symphonie, opéra de vie et de mort, ode à un humanisme immortel et invincible. Point de caricature grotesque et manichéenne de la bourgeoisie, les personnages sont plus beaux et fascinants les uns que les autres. Jamais l'Agnus Dei n'a été aussi bouleversant que dans cette tragédie dépassant les sphères du commun des mortels, d'une richesse inouïe, d'une sagesse politique dont peu de cinéastes peuvent se vanter. Jamais le classique n'a été aussi bien exploité dans nos salles. Il prend ici tout son sens. Il s'agit aussi d'un poème d'amour destiné au Cinéma, digne testament précoce rempli d'espoir d'un artiste bien trop sage pour se larmoyer devant la mort. C'est l'évolution même du 7ème Art que l'on suit : le noir et blanc, le sépia, le muet, la parole... Le générique, les caméras apparaissent. Et le cinéaste reste fidèle à lui-même, jusqu'au bout, avec une scène finale absurde et bouffonne qui nous rappelle que la flamme du cinéaste n'est pas encore éteinte, et ne s'éteindra probablement jamais.