Alors au crépuscule de sa carrière, il ne tournera plus que trois films par la suite, Federico Fellini propose Et vogue le navire... en 1984 où il évoque une croisière organisée pour les funérailles d'une cantatrice célèbre.
C'est en 1914 que le cinéaste italien nous immerge, nous emmenant sur un navire où il va mettre en scène quelques affrontements, que ce soit musicales ou entre humains au cœur d'un magnifique hommage à l'art, à la musique et au cinéma. Les premières minutes sont d'ailleurs mémorables avec l'évocation de la naissance du muet, Fellini faisant passer son oeuvre du muet au parlant puis du noir et blanc à la couleur.
Satire sociale pertinente, Et Vogue Le Navire... voit Federico Fellini mettre brillamment en scène une atmosphère fascinante et poétique, alors que le cinéaste italien navigue entre ton déjanté, drolatique ou encore tragique. La galerie de personnages est passionnante, excentrique, variée et riche, à l'image de l'écriture du film tant pour le déroulement que les dialogues, tout comme l'évocation du naufrage de la domination européenne. Il arrive à faire ressortir l'émotion et la magie des personnages et enjeux, sans en oublier le côté un peu déjanté qu'il maîtrise ici à merveille.
On retrouve toute la justesse de Fellini et ça en devient un vrai régal, plusieurs séquences en deviennent mémorables à l'image de celle de la cuisine où quatre artistes font un concert à l'aide des verres à pied ou avec le rhinocéros. La photographie est très jolie, tout comme les décors et la reconstitution en règle générale, ce que Fellini ne manque pas de sublimer en maîtrisant avec grand brio sa caméra, s’appuyant sur une technique étourdissante de maîtrise tant dans ses effets de mise en scène, que sur la lumière.
Federico Fellini propose avec Et Vogue le Navire... une oeuvre à la fois poétique, déjantée, riche et immersive, où il évoque la vie et l'art avec intelligence, sublimant de bout en bout une passionnante et excentrique galerie de personnages.