Ce court-métrage qui sort en 2016 (en plein état d'urgence attentat, plan Vigipirate et tout le toutim) a le mérite de proposer deux niveaux de lecture, pour le spectateur en quête d'absurde décomplexé et pour celui qui cherche une critique sociale bien amenée. Voici donc un binôme de jeunes hommes qui discutent de leur Saint-Valentin ("alors, t'as conclu ou pas ?") quand des policiers les arrêtent sans motif, mais sans pour autant couper leur conversation : c'est bien l'originalité du scénario, rien des actions violentes des policiers ne peuvent faire taire ces jeunes imperturbables. Coups de poings en plein visage, plaquage et menottes, menaces orales et même fouilles approfondies, absolument rien ne semble surpasser l'envie de savoir si l'autre a conclu avec sa demoiselle d'un soir. On rigole bien de l'absurdité de la mise en scène qui fait comme si tout allait bien en premier-plan tandis qu'en arrière on voit les policiers se déchaîner, mais rapidement, on commence à entendre l'autre discours, celui qui se cache sous un peu de sauce kebab : si ces jeunes ne tiennent même plus compte de leur arrestation, on devine que c'est aussi parce qu'ils en essuient sans cesse, sur leur belle gueule de coupable. On ne rentre pas trop dans la polémique, mais on comprend où le court veut en venir, et sans nous plomber la tête d'un long discours, il parvient à faire passer le message plus efficacement avec son humour décalé. On valide. A la question "Vous pouvez ouvrir votre sac ?", on préfère celle du court : "Et alors, t'as conclu ou pas ?"