Par où commencer ? écrira plus tard le jeune Alex esseulé. Pour nous, spectateurs juillettistes, le plan du film est bien vite déroulé. Un drame, inévitable, va se produire. Des bribes du passé jusqu'au présent grisé, l'on suit avec pudeur l'aventure d'un adolescent en pleine découverte amoureuse, et de plus, fasciné par la mort aussi aiguisée que le peigne de son premier amant, David.


David (Benjamin Voisin)... Père décédé, mère aveuglée, David vit sa vie sans vraiment penser à la Mort, justement, déjà bien trop présente. Alors il roule vite et joue les bons samaritains avec ceux (et celle(s)...) qui lui plaisent. Alex (Félix Lefebvre) lui plaît ; mais il consume bien vite ses Passions et le temps glisse et se rapproche de son heure, fatalement.


Alex a-t-il tué David ?


Si l'on connaît assez bien la filmographie d'Ozon, Été 85 ressemble à s'y méprendre à une agréable parenthèse dans une liste hétérogène mais toujours dictée par les fascinations de son auteur : la plage, la mort, les femmes avec un accent, la mer et la mère (facile, je le reconnais). Ozon, élève proclamé de Rohmer, revient à ses classiques, rappelant aussi ses comédiens fétiches qui jouaient jadis les jeunes hommes écorchés (Melvil Poupaud) et le Mystère féminin (Valeria Bruni-Tedeschi) ... Autre histoire, autre ambiance, mais toujours le goût du récit morcelé : Poupaud prend sobrement la place d'un Prof Luchini conseiller/passionnant (Dans la maison) et V. Bruni-Tedeschi, brillante, joue la mère (juive) plongée dans un déni affolant de sincérité.


Ainsi, le décor plante l'histoire et les corps peuvent s'animer. Sur la côte d'opale, rien ne semble avoir bougé depuis cet été 85. La France à peine réveillée, l'amour homosexuel peut enfin battre au grand jour et s'extirper de son carcan.


Le teen movie de notre été bizarre promet dès la bande-annonce quelques notes nostalgiques d'un passé que nous n'avons pas tous vécu. Été 85 rembobine le cœur comme on rembobine une vie le temps d'une photo. Alors, qu'importe l'année de notre naissance, comme la musique insolemment innocente des Cure, nous sommes ravis à la sortie d'avoir plongé nos yeux dans ceux d'Alex. Comme lui, nous avons croqué de bon cœur dans une pomme d'amour tandis que David effilait le nuage éphémère de sa barbe à papa.

VICTHOU08
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le 21 juil. 2020

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