On peut être dubitatif devant l'indulgence des médias mainstream envers les films de François Ozon?
Et celui-ci n'échappe pas à la règle, hormis Sous le sable son seul grand film avec une Rampling impériale! Ozon nous livre ici une romance sans âme qui ne nous touchera jamais.
On nous parle de Call me be your name à la française ?!
Mais là ou la sensualité et le romantisme assumés du film de Luca Guadagnino éclaboussait l'écran, Ozon choisit le format super 16mm cadré sans style pour nous faire revivre les années 80 comme si on y était (ou pas?), seul le tube nostalgique de The Cure In Between Days, qui ouvre le film nous le confirme.
Le réalisateur de Jeune & Jolie signe un scénario bancal, où les allers retours dans le passé et le présent sont souvent maladroits, insérant une voix off narrée avec un ton grave par le protagoniste principal qui essaye de nous tenir en haleine avec un suspense raté, puisque vite émoussé dans la première partie du film.
Et que penser de ces séquences : Pretty woman (allez viens j'te relooke) La Boum (écoutes ce morceau dans le walkman) et la plus risible Le Mépris (elles sont belles mes fesses?).
Et d'autres encore plus grotesques et invraisemblables, la scène à la morgue (un sommet) et celle où la mère de David déshabille Alexis pour prendre un bain?! (les bras nous en tombent).
Ozon filme ses fantasmes en toc, il a certainement du beaucoup aimé My own private Idaho et il a bien raison, mais sa ballade à moto reste une banale balade en moto.
Les personnages sont si peu incarnés, les deux jeunes comédiens ne sont pas en cause (mention spéciale à Felix Lefebvre) mais surjouant le bad boy pour l'un et la fascination morbide pour l'autre, nous les regardons étrangers au désir qui devrait les consumer.
On passera sous silence la prestation gênante de Valéria Bruni Tedeschi en mère juive abusive ?!
Seule Isabelle Nanty s'impose, juste dans chaque plan.
L'histoire ne nous apprendra pas grand chose de ce qui anime nos deux héros, et la fin tragique nous laisse indifférents.
On a l'impression de voir un sous Xavier Dolan sans la sincérité, le lyrisme, l'urgence et l'outrance du Canadien, qualités présentes même dans ses films ratés.
Revoyons vite Rohmer, ce grand conteur de la jeunesse et son sublime Pauline à la plage et là oui vous passerez un bel été 83!