Le film souffre d'un petit ventre mou : le début est bien, la fin est excellente mais, au milieu, il y a une petite baisse de rythme. Rien d'insupportable cependant.
On trouve ici le thème majeur du cinéma d'Ozu : la famille, déclinée sous plusieurs angles. Le plus important, c'est le mariage. Dans le Japon traditionnel, une jeune femme devait être mariée avant ses 25 ans. Mais, avec l'occidentalisation grandissante du pays, cette limite est sans cesse repoussée. Au point que l'héroïne du film a 28 ans, est toujours célibataire et en est plutôt fière. Elle est souriante, visiblement heureuse de jouer avec sa copine les résistantes anti-mariage.
Cette insouciance va à l'encontre de l'inquiétude de tous ses proches (aussi bien dans sa famille qu'au travail), qui pensent qu'il est largement temps de la marier. Son patron lui propose même un rendez-vous avec un bon parti, qui ne la motive absolument pas.
Une fois de plus, sans jamais porter de jugement, Ozu se fait le témoin des bouleversements de la société japonaise, qui s'éloigne de ses traditions. Il explore les différents aspects du problème (celui des parents, par exemple, qui souhaitent ce mariage et le redoutent en même temps, puisqu'ils vont se retrouver seuls). Le cinéaste nous montre également la vie de famille (avec ces enfants, souvent terribles chez Ozu, et qui ressemblent beaucoup à ceux qu'on retrouvera plus tard dans Bonjour). Le tout avec pudeur, finesse et subtilité.