Quoi de neuf ? Balzac, encore et toujours. Depuis longtemps, le cinéma français en a fait l'un de ses "scénaristes" de prédilection, par exemple au temps de l'Occupation allemande, et voici qu'en l'espace d'un mois Eugénie Grandet et Illusions perdues se voient offrir de nouvelles adaptations, respectivement par Marc Dugain et Xavier Giannoli. Le cas du premier est excitant parce qu'il est lui-même un romancier reconnu et que son Échange des princesses partait déjà d'un matériau littéraire, pour une singulière page d'histoire. Son Eugénie Grandet est d'un très grand classicisme, ce qui est ici une qualité, eu égard à la limpide trame romanesque qui n'a nul besoin d'ornements stylistiques de mise en scène pour en imposer. C'est sobre, très ancré dans une belle atmosphère ligérienne, monté à la perfection avec des scènes courtes qui évitent de céder à la contemplation et à une admiration excessive d'un texte ciselé, comme un hommage aux richesses de la langue française et à l'écriture de Balzac. Mais si cette version d'Eugénie Grandet a autant de goût, elle le doit évidemment à ses interprètes et à une direction d'acteurs que l'on sent précise comme de l'horlogerie, avec l'immense Olivier Gourmet pour incarner le symbole de la triste vice de l'avarice et de l'égoïsme forcené. A ses côtés, quel bonheur de retrouver, après Mon inconnue, la lumineuse Joséphine Japy, splendide et plus que crédible Eugénie. Sans oublier tous les rôles "d'appoint" où l'on saluera avant tout la justesse de Valérie Bonneton.