Von Trier brosse le tableau gris d'une Allemagne brisée
Troisième film de Lars Von Trier sorti en 1991, "Europa" dépeint le contexte d'une Allemagne détruite par la seconde guerre mondiale où Leopold Kessler (Jean-Marc Barr), un americano-allemand, débarque à Frankfort pour y être engagé comme contrôleur de train grâce à son oncle. Il rencontrera la fille du dirigent de la compagnie ferroviaire et devra faire face à la complexité de la situation de reconstruction physique et psychologique du pays.
L'introduction du film et à couper le souffle, agissant comme une sorte d'hypnose immersive par un principe narratif qui durera tout le long du film, d'ailleurs très ingénieux, on est irrésistiblement plongé dans cette atmosphère grise et déprimante. L'esthétisme est absolument magnifique, navigant entre le noir et blanc et ses nuances de gris et sépia à la couleur, ainsi que des jeux d'arrière plan et de raccord vraiment très intéressants (même si la vieillesse du film trahie un peu le trucage). Les premières vingts minutes sont très bonnes, l'identification au personnage de Leopold est quasi parfaite, cependant le déballage de personnages est un peu indigeste et le rythme se ralenti monstrueusement à certains moments, la réalisation brillante de Von Trier nous tiens cependant en éveil. La mise en scène est également de qualité avec des prestations convaincantes, notamment celle du génial Ernst-Hugo Järegård ("Riget"), Jean-Marc Barr n'est pas en reste et signe quelques scènes éprouvantes, notamment celle du final. La dernière demi heure du film est excellente, et nous transporte dans ce train avec un rythme, ce coup ci, allant à 100 à l'heure jusqu'au dénouement d'une poésie sublime et cette voix envoûtante nous laissant sur un ressenti plus que positif.
Pour conclure, "Europa" est un film extrêmement intéressant avec un visuel incroyable et un processus de story-telling très immersif, cependant et malheureusement il souffre parfois de certaines longueurs.