Le calamiteux ‘’Escape Plan 2’’ n’est pas qu’une expérience cinématographique douloureuse, c’était aussi visiblement une aventure humaine merdeuse. Viré en cours de production, Steven C. Miller n’a même pas eu la joie de livrer un produit fini. Le film fut tourné en 20 jours, Stallone n’y apparaît que 15 minutes, quand Bautista à peine 5, alors que tous deux sont les têtes d’affiche. Une malhonnêteté qui de l’avis même de Sylvester Stallone fut ‘’La production la plus horrible, à laquelle [il] eut jamais le malheur de [se] trouver’’ (et pourtant il en a des daubes à son actif… C’est dire). Il est donc tout à fait légitime que suive une suite digne de sa médiocrité.
Tourné également en 20 jours, ‘’Escape Plan : The Extractors’’ répète la même malhonnêteté que son prédécesseur. Si Stallone s’avère certes un peu plus présent, le scénario est lui complètement aux fraises. Cette nullité est vainement compensée par des scènes d’actions, pas trop mal, mais qui se réfugient dans une brutalité non justifiée, pour cacher la misère de l’ensemble. On ne se trouve pas dans un Rambo, où l’ultraviolence est légitimée par le background douloureux d’un personnage traumatisé. Ici, Ray Breslin, censé être un architecte/expert en sécurité, devient soudain un violent tueur de sang-froid, presque sadique… Fuck la logique.
Comme pour ‘’Escape Plan 2’’, le héros est un comédien inconnu en occident, donc il n’est pas mis en vedette. Il aurait pourtant pu très bien l’être, avec en support des stars américaines, comme par exemple… au hasard… SYLVESTER STALLONE ET BAUTISTA ??
Le film fonctionne à l’inverse. Par une démarche complètement absurde, il met sournoisement en avant des stars américaines sur l’affiche, alors qu’elles ne servent pourtant que de support aux protagonistes, et s’avèrent reléguées à une présence marketing secondaire.
Vous voyez la puante inclinaison mercantile qui vise les gros blaireaux qui vont regarder le film, parce qu’il offre la promesse de mettre en scène deux bourrins ? Le rédacteur de ces lignes fait partie de ces gros blaireaux. C’est un plaisir coupable de regarder des actioners généreux, avec des comédiens rompus à l’exercice. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut négliger les nouveaux venus. Résultats, les acteurs principaux de ces deux suites à ‘’Escape Plan’’, et bien on ne les retient pas.
Voilà une manière malhonnête de penser le cinéma d’exploitation, qui est un phénomène nouveau dans la production. Dans les années 1980 et 1990, lorsque le marché du DTV a explosé, il y a eu toute une flopée de stars spécialisées dans ces séries B nazebroques, mais sympatoches. Souvent médiocres, parfois surprenantes, rarement alléchantes, elles assumaient toutefois leur statut et une place marginale dans la production. Puis, elles étaient vendues comme telles. En achetant des DVD (uniquement trouvables dans les magasins d’occasion) avec Michael Dudikoff, Daniel Bernhardt, Billy Blancks ou Wings Hauser, vous en aviez pour vos 1 euro.
Pour ce qui est de ce bien triste ‘’Escape Plan : The Extractors’’, même sans avoir déboursé un centime, vous vous sentirez floués. C’est en soit une performance de donner l’impression d’être arnaqué uniquement sur la proposition de non-cinéma que l’on ne vous propose même pas, par une manipulation à mauvais escient vos petits plaisirs de septième art déviant. Alors, autant se faire, se refaire et se rerefaire ‘’Cobra’’, ‘’Judge Dredd’’ ou ‘’Get Carter’’. Ce n’est certes pas du cinéma flamboyant, mais au moins c’est un bon moment pour s’éclater, avec des personnes qui essayent de livrer un spectacle plaisant avec les moyens du bord.
Ainsi, il est important d’éviter ces deux purges qui suivent le vraiment excellent ‘’Escape Plan’’, qui à la lumière de ses deux séquelles apparaît clairement comme le chef-d’œuvre qu’il aurait dû être. Ce qu’il est certainement, d’ailleurs, surtout dans une production ciné d’exploitation complètement à côté de la plaque. À éviter, à oublier, à enterrer. Rendez-nous nos pépés de la castagne !
Stork.