J'aime bien ce Russ Meyer. Il est fou. Il est coquin aussi. Dans ce film il fait jouer sa femme de l'époque (parce qu'il s'est marié trois fois au total et je suis sûr qu'il devait batifoler constamment, ce gros cochon) et il faut bien dire qu'il a bon goût le coquin. Vu sa tronche, je n'aurais pas cru qu'il aurait réussi à lever autant de belles femmes. Comme quoi le physique ne suffit pas.
Le scénario n'est pas terrible : il ne se passe pas grand chose, l'auteur insiste même lourdement sur ses quelques idées. J'y ai quand même trouvé de l'humour et des idées assez sympathiques, des scènes parfois complètement surréalistes et drôles. C'est la couture de tout ça qui tient mal, hélas. Parce que même les deux personnages principaux, au fond, sont intéressants.
Russ Meyer a quand même réussi à développer sa patte en peu de temps : on est ici au début de sa carrière et pourtant il fait déjà du Russ Meyer. Ce qui épate dans son style, c'est son découpage : des plans variés, des idées qui passent très bien, un symbolisme qui ne laisse place à aucune équivoque mais qui est bien trouvé, voire même osé pour l'époque. Autre chose épatante, son jeu de couleur : il aime détacher les personnages sur des fonds colorés, c'est une méthode très cartoonesque, certes, mais redoutablement efficace pour la clarté de ses images. Car le bougre a beau ne penser qu'au cul et aux nichons, il sait tout de même délivrer des images percutantes, même quand tout le monde reste habillé. Les décors sont travaillés dans ce sens : minimalistes à souhait, bien équilibré grâce à des compositions qui mettent bien en valeur cet univers coloré. Et puis bien sûr il y a les gonzesses. Bon ici, il n'y en a pas beaucoup, sa femme de l'époque (parce qu'il s'est marié trois fois au total et je suis sûr qu'il devait batifoler constamment, ce gros cochon) interprète plusieurs rôles qui se résume en un : la séductrice ou plutôt celle qui va séduire , parce que séductrice implique plus d'être actif que le fait de séduire (elle séduit malgré elle à plusieurs reprises). Et puis y a les hommes qui gueulent qui crient, qui rougissent. La musique fonctionne bien avec le ton général.
Bref, j'ai trouvé cette comédie très inégale mais j'ai suffisamment ri et bavé pour éprouver de l'affection à l'objet.