Après s'être fait remarquer par le peu enchanteur mais néanmoins fendard Mortal Kombat, le réalisateur anglais Paul W.S. Anderson est engagé pour être à la barre d'un film de science-fiction horrifique au script prometteur mais pas vraiment original, narrant donc l'histoire d'un équipage en mission à la recherche d'un vaisseau porté disparu depuis des années qui, lorsqu'il le découvre, constate qu'un mal étrange a décimé tout l'équipage.
Sensé être une race d'extra-terrestres belliqueux comme on en a vu des dizaines de dizaines, cet ennemi est remplacé en cours de route par une forme plus exsangue de fantastique, le scénariste Andrew Kevin Walker étant engagé pour livrer au film une dimension quasi-religieuse en instaurant le Mal à l'état brut dans cette histoire de terreur spatiale finalement (et heureusement) assez éloignée d'Alien, son modèle d'origine...
Nous progressons donc vers l'horreur au fur et à mesure que l'intrigue avance, passant du sauvetage risqué dans les méandres de l'espace à un véritable carnage progressif où ce mal obscur va peu à peu infliger à nos spationautes des visions cauchemardesques avant de les éliminer un à un. Ce scénario tout simplement excellent, à la fois glaçant et original, est épaulé par une mise en scène autrement soignée, Anderson multipliant les effets spéciaux discrets et les mouvements de caméras quasi-clippesques dans cet univers de métal froid et inquiétant.
Event Horizon arrive donc à s'imposer dans le genre et à proposer une histoire prenante du début à la fin soutenue par des acteurs confirmés (les excellents Laurence Fishburne et Sam Neill) et des séquences toutes aussi inattendues les unes que les autres dans un rythme allant crescendo jusqu'à l'horreur finale. Car si l'ensemble du film baigne dans la science-fiction claustrophobique, la fin nous fait revenir à nos peurs primaires avec un certain goût pour le gore juteux qui n'est pas sans rappeler les immondices infernales du Hellraiser de Clive Barker.
On regrettera par ailleurs les coupes infligées par le studio qui nous prive de passages plus sanguinolents. En somme, le long-métrage nous happe et nous transporte dans une oppression quasi-constante. Un œuvre méconnue à voir absolument, histoire de se dire que Paul W.S. Anderson sait y faire quand il veut.