Disons-le tout de go : Event Horizon est une excellente série-B qui réussit à flirter avec Lovecraft et Hellraiser avec brio, tout en offrant un thriller SF toute en tension, pour peu qu'on lui pardonne un Sam Niell vraiment pas au top qui n'arrive pas à doser le cabotinage ni à le synchroniser avec le rythme du film. Et les approximations scientifiques de rigueur dans toute bonne série B SF horrifique qui se respecte.
Le postulat est simple : un vaisseau part en mission de sauvetage Top Secrète suite à un message capté particulièrement troublant à base de bruits, hurlements, crissements et citations en latin, mission qui les emmène à la périphérie de Neptune pour retrouver un vaisseau disparu dans un trou noir 7 ans auparavant, l'Event Horizon.
Il a fallu que j'aille vérifier, mais oui, c'est bien le même Anderson qui a commis la série Resident Evil, le film Dead or Alive, entre autres films de relative médiocrité.
Et à la réflexion, malgré mon désamour sincère pour la série filmique, on reconnaîtra à Resident Evil un coté assumé, délibéré, "in your face" auquel on adhère ou pas. Personnellement, je déteste vraiment cette série de films (peut-être ai-je trop aimé les jeux à l'époque pour accepter cette réappropriation qui confine au ridicule... ou peut-être sont-ce simplement des films de merde).
Néanmoins (bite en plus), c'est cette capacité à assumer pleinement une démarche, avec ses forces et ses faiblesses, qui parvient à sauver ce film qui danse sur le fil du rasoir, menaçant de tomber dans le ridicule au moindre faux pas de trop. Pourtant, la magie (noire) opère.
En grande partie grâce au rythme général, qui sait ménager ses effets, utiliser des ruses certes éculées mais en leur donnant une saveur particulière, sans en faire trop néanmoins.
Le réalisateur affiche une maîtrise étonnante du rythme, plutôt slow burner, tout en maniant les archétypes en connaissance de cause. Le passages hallucinatoires par exemple ne sont jamais trop longs, durent juste ce qu'il faut pour qu'on les identifie, qu'ils fassent leur effet.
On pourra aussi saluer une complicité au sein de l'équipage qui permet de couper court aux lourdeurs typiques de ce genre de mise en place, où l'on met en doute la parole de ceux qui ont vu quelque chose pendant des lustres. Ici, pas de chichi, si quelqu'un affirme qu'il a vu quelque chose, on le croit et on cherche à savoir quoi.
Mais la vraie force d'Event Horizon, c'est son ambiance, sa capacité à nous confronter au surnaturel et à l'horreur de façon frontale, tout en plaçant l'étrangeté à la périphérie, où le métal et l'organique se rencontrent dans une tache suspecte, dans la forme d'une porte, vagina dentata ou autre orifice cronenbergien en puissance, dans le design de la pièce du Noyau du vaisseau, avec ses pointes, ses symboles occultes à même le design des composants des circuits, et son ambiance cuir/chair/métal que ne renieraient pas les Cénobytes de Clive Barker.
Franc du collier, le film adopte une démarche jusqu'au-boutiste qui ne déçoit pas, et sait compenser son manque de moyen en jouant sur la violence de certaines scènes choisies, pour pouvoir se permettre de rester dans la suggestion à d'autres moment.
Oui, c'est une série B, maîtrisée et assumée, qui va suffisamment loin pour ne pas décevoir, bien au contraire.