Everly
4.7
Everly

Film de Joe Lynch (2015)

L'an dernier, le coup de poker tenté par le distributeur Wild Bunch avec la diffusion en VOD et non en salles, du buzzé mais in fine très ennuyeux Welcome To New York d'Abel Ferrara, a visiblement fait quelques émules dans le business.


Un an plus tard - quasiment jour pour jour -, TF1 et son label eCinema suit la même ligne directrice et ose franchir le cap du boycott des salles en balançant directement en vidéo à la demande (et au plus près des sorties US), des films majeurs pouvant pourtant très bien prétendre à grappiller leur place au cinéma et sur grand écran.


Mais la concurrence étant devenue beaucoup trop importante (et elle ne cesse d'augmenter), la location - ou même l'achat définitif - de péloches en ligne sur diverses plates-formes, est vite devenu le nouvel Eldorado à conquérir pour les distributeurs.


L'efficace Son of A Gun et Adaline hier (mélo au carton surprise au B.O US), Everly avec la bomba latina Salma Hayek aujourd'hui et Spooks (disponible en septembre) demain, TF1 semble vouloir exposer de la meilleure panière possible les films de son catalogue.


Et force est d'admettre que même si l'on est d'ardents défenseurs des salles obscures - et de leurs tarifs de plus en plus exorbitants -, le eCinema incarne (déjà !) une potentielle alternative de choix pour les bouffeurs de péloches que nous sommes.


Promesse d'une jolie série B burnée avec la toujours aussi bomba latina Salma Hayek (la quarantaine pourtant bien tassée, à croire que les années n'ont pas le moindre effet sur son sex-appeal et son charme), Everly signé Joe Lynch (Knights of Badassdom), débarque donc en ses ensoleillées journées de juillet, non sans nous allécher plus que de raison.


Parce que l'équation est simple : Salma Hayek en mode Liam Neeson & Guns v.s le monde du crime, cela ressemblait décemment pour nous, au b movie le plus bandant de l'été sur le papier...


Everly donc, ou l'histoire suivra celle d'une ancienne call-girl, Everly (Hayek donc), qui, après s'être retourné contre son ancien patron, Taiko, pour devenir une informatrice pour le FBI, devient la cible de celui-ci.


Ivre de vengeance, il met un contrat sur sa tête et envoi des tueurs aux trousses de la jolie call-girl et de sa famille.


Mais très vite, tous les criminels de la ville veulent empocher l’argent offert sauf que l'instinct de survie et la répartie armée d'Everly, va être à la hauteur de la détermination de son ancien boss...


DTV de luxe sous forme de gros plaisir coupable comme on les aime, porté par un script tout droit sorti de la blacklist Hollywoodienne (really ?) et de la plume de Yale Hannon, Everly, si il ne pète décemment pas trois pattes à un canard, n'en est pas moins un film d'action foutrement gore, fun, barré et jouissivement bourrin, qui a tout pour pleinement emporter l'adhésion des amateurs de cinéma musclé que nous sommes.


Bricolé, flirtant constamment avec le fil tenu du nanar décomplexé et des tics " grindhouse " chers au texan fou Robert Rodriguez et à des années lumières du divertissement Bessonnien à gonzesses sauce Europa Corp (et pourtant la belle Scarlett dans Lucy n'a rien à envier à Hayek); le film de Lynch est un excellent revenge movie au second degré aussi féroce que salvateur, qui s'amuse de son scénario simpliste pour accumuler les gunfights violents à gogo malgré une pluie de faiblesses notables.


Dénué de toute singularité (c'est une évidence que l'on a vu mieux ailleurs), bourré jusqu'à la gueule de clichés divers - inhérent à toute bande du genre -, répétitif comme un FPS sur une console vieillissante (mais dont on ne se lasse pas de reprendre la partie par nostalgie), à l'unique unité de lieu - ou presque - et dominé par une héroïne manquant cruellement de profondeur; impossible de ne pas admettre qu'Everly accumule les défauts mais il les assume avec une telle énergie et un tel enthousiasme dément qu'il est franchement difficile de lui en tenir réellement rigueur.


Mieux, dans la peau de la pépé à grosses pétoires (et à gros lolos), Salma Hayek bien éduqué chez son poto Rodriguez (Desperado et sa maladroite suite), est absolument parfaite, badass et caliente à souhait en call girl qui a sacrément du répondant.


Et elle n'a pas besoin de trop forcer son talent pour nous faire joliment regretté de ne pas la voir aussi souvent que voulu, dans les salles obscures hexagonales - elle en est tout de même en ce moment du Tale of Tales de Matteo Garrone.


Bref, Everly ou un pur film Bis old school et survolté aux généreuses courbes Z et même nippones, déséquilibré mais fendard et jubilatoire dans son absurdité et son plaisir régressif.


Une belle surprise tout droit sorti des 80's, qui égaye de la plus belle des manières un pourtant très riche mois ciné de juillet.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.com/2015/07/critique-everly.html

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le 8 juil. 2015

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