Un cocktail comme on en voit malheureusement trop sur les écrans (de cinéma mais aussi de télévision avec le streaming devenu tout aussi puissant avec la crise). On a donc une cuisine d’ingrédients cinématographiques plutôt classique avec ce « Every breath you take » : un trio de trois acteurs ayant connu leur heure de gloire il y a peu et qui ont chacun nourri quelques espoirs mais qui sont en passe d’être relégué aux oubliettes pour diverses raisons (mauvais choix, malchance, polémique, ...). Ajoutez également un cinéaste quasiment inconnu au bataillon auquel Netflix propose un projet pour se faire la main (certainement peu cher). Enfin, pour finaliser le tout, un budget correct est alloué pour un scénario de thriller domestique avec rebondissements typiques des productions chéries par les ménagères de plus de cinquante ans. Ce cocktail est-il buvable? Oui si l’on est peu exigeant. Ce cocktail fait-il un bon film? Non, pas vraiment, tant on a l’impression d’avoir déjà vu cela cent fois et que même le twist final et les rebondissements s’avèrent hautement prévisibles. C’est vraiment le genre de proposition à visionner lorsque le cerveau demande repos un dimanche après-midi pluvieux sinon...
Tout cela semble en effet cousu de fil blanc et écrit à la truelle. On voit arriver la résolution de l’intrigue à des kilomètres et il ne faut pas être bien perspicace pour s’en apercevoir. Pourtant, le début du film, à la fois apaisé, froid et intrigant, laissait planer le doute sur un suspense des familles retors et tendu. Mais plus cela avance, plus on pense à ces thrillers des années 90, ici visuellement actualisé aux canons d’aujourd’hui. Petites tensions et fausses pistes s’enchaînent (qui ne fonctionneront d’ailleurs que pour les plus crédules) dans un décor d’une grisaille désespérante rehaussé par une immense villa. Car bien sûr les personnages principaux de ce genre de film ne sont pas des classes populaires, vous vous en doutez. Vous remarquerez qu’encore une fois, l’intrigue prend place dans un milieu hautement aisé... On suit donc dans une torpeur adéquate le déroulement de cette histoire assez triviale mais sans ennui non plus. On attend patiemment ce dénouement que l’on voit venir à des kilomètres. Les acteurs ont assez de talent pour que « Every breath you take » ne vire pas à la série B anecdotique voire ratée tout en se parant d’un certain prestige et d’une raison cinématographique d’exister. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil (ou plutôt la pluie ici) du thriller domestique et conjugal avec retournements de situation à la clé. Si « La femme à la fenêtre » s’était tout aussi planté en voulant faire trop, celui-ci se plante tout autant en en faisant pas assez. Revoyez plutôt « Gone Girl ».
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