Avec Everybody Knows je découvre le cinéma d'Asghar Farhadi jusque là inconnu pour moi. C’est en voyant Penélope Cruz et Javier Bardem réunis au casting que j’ai eu envie de me laisser tenter. Qu’en est-il alors ?
Le film s’ouvre sur le retour de Laura, jouée par Penélope Cruz, en Espagne dans son village natal, venue accompagnée de ses enfants pour assister au mariage de sa sœur. C’est l’occasion pour elle de retrouver toute sa famille qu’elle n’a plus vu depuis longtemps. Et de recroiser la route de Paco, son ancien amant, joué par Javier Bardem. Une réunion familiale où la fête bat son plein, nous plongeant dans la chaleur espagnole et nous permettant notamment de découvrir une galerie de personnages joyeux et simplement heureux de se retrouver.
Somme toute un premier acte de qualité, peut être un tantinet étirée en longueur, mais tout de même maitrisé tant il dépeint de belles retrouvailles, des personnages auquel on s’attache rapidement et nous permet surtout de poser les bases de l’intrigue dans une fête de mariage admirablement bien filmée et bluffante de réalisme (au point qu’on pourrait croire qu’il s’agit d’un vrai mariage et pas une scène jouée).
C’est à ce moment qu’Asghar choisit de faire basculer son film dans une autre dimension, lorsqu’un évènement aussi inattendu que dramatique va venir gâcher cette fête qui avait si bien commencée et plonger les personnages de la joie et des sourires à la détresse la plus totale. L’orage puis la coupure de courant plongent les protagonistes dans le noir le plus complet laissant présager du drame à venir. La disparition de la fille de Laura entraine une course contre la montre pour tenter de la retrouver et embarque le spectateur dans un thriller ou chaque personnage peut devenir suspect.
Je me souviens avoir murmuré : « ça y est, ça commence ».
A mesure que le récit avance, le passé et de vieilles histoires de famille ressurgissent et nous permettent de comprendre peu à peu les motivations de cet enlèvement. L’atmosphère joyeuse et festive du début laisse place à un chaos au sein de cette famille prête à se déchirer et que l’on pensait unie et solidaire. D’autant qu’un secret connu de tous va tout faire basculer.
Entre ressentiments, accusassions et révélations, Asghar confronte ses personnages et les pousse dans leurs derniers retranchements. On a le sentiment que tous pourrait très bien avoir orchestré cet acte dans le but de manipuler tout leur monde et servir leur propre intérêt, le doute subsistant jusqu’au dénouement.
Malheureusement, le fait que l’accent soit mis à ce point sur les conflits familiaux et ces secrets de famille exposés au grand jour finit par desservir quelque peu le film, qui tourne en rond.
L’œuvre a tendance à s’essouffler et la tension finie par retomber pour de bon au moment du twist final, décevant et maladroitement amené, ce qui m’a personnellement laissé un léger goût amer tant j’étais scotché jusque là.
Mais malgré un dernier acte un peu plus poussif, cela reste un bon thriller, intense, haletant, qui nous montre les ravages du silence et des non-dits, ou comment un événement dramatique peut soudain ré-enclencher le mécanisme et raviver les haines, les rancœurs, les jalousies au sein même d'une famille.
Porté par un casting convaincant, Everybody Knows est assurément l'un de mes coups de cœur de ce début d'année, avec évidemment une mention spéciale pour Penélope Cruz et Javier Bardem, jouant leurs rôles à la perfection et prouvant une nouvelle fois qu’ils forment l’un des meilleurs tandems du cinéma tant leur alchimie à l’écran se ressent et donne un caché supplémentaire au film.