Habitué des expériences hors norme sur le temps, à l’image du dernier Boyhood, Richard Linklater est désormais attendu pour l’originalité de chaque nouveau projet. Celle de ce film est de ne point en avoir, est de se signaler par la modestie de son projet : chronique d’une pré-rentrée à la fac en 1980, sorte de suite du Dazed and Confused de 1993, Everybody wants some n’a d’autre ambition que de nous plonger dans un milieu, celui des étudiants, et une époque, même si celle-ci, à l’exception de quelques vinyles et tenues vestimentaires, n’est pas l’obsession majeure du récit.
Pour être franc, il ne se passe strictement rien ; Linklater cherche avant tout à capter l’essence d’une atmosphère singulière, celle de la transition entre le lycée et la fac, en insistant sur la particularité américaine accordant une place prépondérante aux sportifs : peu encline aux études, l’élite athlétique est sur le point de former une équipe universitaire. Entrainement, rivalité, testostérone et fêtes stupides dressent le portrait d’un âge d’or, où tout est permis, et l’on croit vraiment maitriser son destin. En découlent certains passages assez drôles, et une bonne maitrise des portraits, de l’hargneux psychotique (rappelant le furieux Begbie de Trainspotting) à la tête de turc en passant par le beau parleur. Les fêtes se succèdent, permettant un panorama des tendances de l’époque, enchaînant le disco, la country, le punk et les soirées pseudo innovantes d’étudiants en théâtre.
La tendresse du cinéaste est réelle pour son sujet, et la dimension autobiographique transpire évidemment à chaque séquence : sexe, alcool, nuits blanches et jeux stupides sont vus avec autant de distance que de nostalgie. Très bien joué par une équipe dont la complicité est évidente, s’acheminant vers une histoire d’amour naissante assez touchante, le film s’achève sur le sourire du personnage principal s’endormant lors du premier cours de l’année : une conclusion qui résume parfaitement l’entreprise de Linklater : un agréable souvenir rêvé.
(6.5/10)