Cela fait plusieurs mois que la sphère critique nous le vend, ce Everything Everywhere All at Once. Tout comme les quelques chanceux, pensais-je, qui avaient eu l'occasion de le voir.
Et cela fait plusieurs mois que l'on attend donc ce film comme une sorte de messie cinématographique. Et qui devait, en plus, foutre un sacré coup de pied au cul du multivers tel que dessiné par Kevin Feige et ses acolytes en super-slip.
On allait donc voir ce qu'on allait voir. Et c'était finalement tout vu, car en plus, Everything Everywhere All at Once s'impose comme une production made in A24, soit le nouveau label des films qui sont forcément biens.
Rien que le concept de l'oeuvre s'avérait a minima ultra bandant, et promettait un délire orgiaque jamais vu, une originalité de chaque instant et des trouvailles en veux-tu-en-voilà.
Sauf que le sommet de fun attendu s'est peu à peu transformé en bruit de pet d'un ballon de baudruche en train de se dégonfler en volant à travers la pièce. Comme Nope, quoi.
Car l'énergie qui séduisait pendant les premières minutes finit par fatiguer et taper sur le système, en virant vers l'hystérie.
Car le concept se transforme en gimmick que l'on convoque à l'envi, parce que. Et qu'il devient d'une gratuité agaçante, d'autant plus que les règles du multivers convoqué, les Daniels en font finalement ce qu'ils en veulent.
Car le concept, comble du random, si le film aligne quelques bonnes idées d'univers barrés, il les répète cependant à l'infini, dans des postures pas toujours drôles, voire même malaisantes, tandis que les autres mondes parallèles visités ne se limitent qu'à des micros vignettes... Soit exactement ce que l'on reprochait à Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
Allez comprendre...
Mais le pire, c'est que le high concept de Everything Everywhere All at Once n'est en fait qu'un cache misère venant au secours d'un mélo sirupeux Sundance-like qui se prend au sérieux tout en se prenant sévèrement les pieds dans le tapis, en faisant comme si un film comme Alerte Rouge ne parlait pas en partie des mêmes thématiques sur les relations mère/fille, et avec infiniment plus de finesse...
A ce titre, le dénouement semble ne jamais vouloir finir, enfonçant l'oeuvre dans le sentiment d'une infinie maladresse faisant regretter au moins vingt minutes de la séance. Ce qui aurait pu éviter, sans doute, aux Daniels de philosopher, sans sourire, sur l'étrange attirance du pouvoir du trou du bagel...
Si, si, je vous jure.
Et si Everything Everywhere All at Once propose quand même une énergie débordante et quelques scènes de baston enthousiasmantes, ou encore une véritable ode à Michelle Yeoh, le masqué n'aura pu que se montrer déçu par une telle recopie laborieuse et approximative de Matrix, auquel les plus optimistes comparent déjà l'oeuvre.
Un tel melting pot à la saveur de gloubi boulga ne pourra que faire nourrir des regrets identiques à ceux portés de Michelle Yeoh, car de ce côté-ci du multivers, Everything Everywhere All at Once, avec un tel argument du départ, aurait pu s'imposer comme la claque de l'année 2022.
Behind_the_Mask, qui a du mal à taper son avis avec ses doigts en saucisse...