Après tant de péripéties, j’ai enfin réussi à voir ce film qui me faisait envie depuis plus d’un an maintenant. Et bon sang, quel bonheur ! Le film est coup de cœur immédiat, un parfait yo-yo d’émotions et de sensations qui nous feront passer par tous les extrêmes ! D’apparence déjanté et jubilatoire, le film réussit l’exploit à constituer un mélange organique d’éléments tous plus hétéroclites les uns que les autres. Partir d’une histoire qui s’ancre dans une réalité sociale profonde et intergénérationnelle, pour ensuite partir dans un délire sous acide d’un multivers vertigineux, pour après enclencher sur un drame familial au cœur duquel la relation mère-fille prend toute sa dimension. Et pourtant, on ne perd jamais le fil conducteur, rien n’est réellement écrasé par le reste (ou n’écrase le reste), tout s’articule et s’unifie avec brio.
Au-delà du déluge ahurissant d’univers alternatifs, le récit se cristallise autour de la dynamique entre Evelyn et Joy. Une relation tendue, explosive, incomprise même, et qui pourtant regorge d’humanité, de compassion et de courage. Le film n’hésite pas à jouer sa carte à fond, quitte à verser parfois en plein cliché absurde, ou même en parodie baroque ; et il contient pourtant l’une des scènes les plus originales et créatives que j’ai pu voir depuis un long moment, que ce soit dans le contenu, la mise en scène, ou même la dynamique. L’humour fait mouche à chaque fois, et pourtant les personnages sont extrêmement touchants, aussi bien dans leur vulnérabilité que dans leurs forces. Encore plus fort, l’histoire met en place ses ressorts scénaristiques avec simplicité, et parvient à jouer avec, voire à les retourner complètement, avec autant de facilité. Tout fonctionne sans donner l’impression de l’effort demandé derrière pour y parvenir. Un travail incroyable !
Le casting est bien sûr à la hauteur. Michelle Yeoh survole complètement le film par son charisme et son humanité, sans pour autant éclipser ses partenaires, mais au contraire les tirer vers le haut. Ainsi, Ke Huy Quan a carrément droit à une résurrection tant il se fond dans ses différentes versions avec aisance et panache. Stephanie Hsu réussit à donner à son personnage tous les éléments nécessaires pour la dynamique avec Michelle Yeoh ne vire pas à sens unique. Quant à Jamie Lee Curtis, elle se régale, tout simplement, à l’image du reste du casting et des rôles plus secondaires mais non moins marquants.
Sur le plan plus technique, c’est là aussi un quasi-sans faute. La musique sera peut-être le point qui m’a le moins convaincu, mais elle propose une atmosphère qui s’associe bien avec le reste du film. Les effets spéciaux sont là aussi simples, mais efficaces ; et toutes les scènes d’action et cascades fonctionnent du tonnerre ! Quant à la mise en scène et à la photographie, sans forcément là aussi révolutionner, elle réussit à toucher et créer le ciment qui permet de lier touts ces éléments pour donner au film un visuel incroyable et une force d’impact époustouflante ; aidée par un montage toujours juste.
Bref, Everything Everywhere All At Once est tout ce que j’attendais, partout où je l’attendais, tout quand je l’attendais. Les attentes étaient hautes et ont pourtant été largement comblées et même surpassées ! C’est le genre de film dans lequel on se replonge avec plaisir ne serait-ce que pour prendre une dose de bonheur. Une réussite, un succès, un coup de cœur !