L'absurdité de l'existence, l'étreinte d’un multivers

Une mosaïque d’idées foisonnantes et d’émotions inattendues. Les réalisateurs, avec audace et une vision débordante de créativité, nous plongent dans une histoire qui aurait pu être purement chaotique, mais qui trouve au contraire une harmonie poétique et virtuose dans son désordre apparent. Ce qui force le respect, c’est cette volonté de faire vibrer le spectateur, de le confronter à l’absurde, au sublime, à l’hilarant et au tragique, parfois en un seul et même souffle.

Sans même en voir des interprétations et autres analyses, j'ai eu la folle envi de venir en parler ici. J'ai été pris par surprise avec des fou rires, mélangeant l'admiration face à des répliques très bien sentis et une ingéniosité dans l'absurde qui me restera longtemps en tête.


Ayant souvent du mal avec ces œuvres qui traitent du multivers, j'ai adoré la proposition dès les premiers instants. On se sert de ce support, pour nous mettre en scène la vie d'une personne aux milles rêves et destins brisés, comme on en connait, rencontre et comme nous pouvons être nous même. Elle ne finit rien et ça vie était sur le point de prendre un nouveau tournant dramatique, avant qu'un élément fantastique ne face irruption.

Au cœur de cette œuvre, Michelle Yeoh incarne Evelyn, une femme à la vie morcelée entre ses responsabilités, ses frustrations, et ses rêves inachevés. C’est à travers ce personnage qu’on explore les innombrables versions de nous-mêmes, celles qu’on a construites, celles qu’on a perdues, et celles qu’on aurait pu devenir. Sa performance oscille avec une élégance rare entre le comique le plus burlesque et la tragédie existentielle, un contraste qui fait de ce rôle un sommet de sa carrière​


Evelyn devient notre guide à travers ce multivers foisonnant, une figure qui, malgré sa banalité apparente, révèle des dimensions insoupçonnées. Ce voyage initiatique met en lumière la lourdeur de nos choix et des renoncements qu'ils impliquent, comme une méditation poignante sur la somme de nos possibles et de nos regrets.


En termes d’originalité visuelle et narrative, Everything Everywhere All at Once transcende le simple hommage aux genres qui l’ont inspiré. C’est un film où la science-fiction, la comédie et le drame se marient sans jamais trahir leur essence propre, un équilibre fragile que les Daniels réussissent avec une maîtrise rare. Je ne m'attendais pas à rire aux éclats, ni à adorer la chorégraphie de combat, ni à avoir le cœur séré lors des échanges entre les personnages principaux.


Ils réinventent les codes du film d’action et de science-fiction, tout en insufflant à leur œuvre un humour unique, presque absurde, qui rappelle l’influence du cinéma de Hong Kong et des grands classiques d’arts martiaux, tout en gardant une forte identité. C’est un tour de force qui repose sur un rythme effréné, un flot de scènes aussi surprenantes qu’envoûtantes. Mais qui peut être aussi un défaut par moment!

Le seul point noir du film, qui m'a empêché de lui mettre la note maximal, c'est qu'à moment il peut souffrir d'un rythme mal maitrisé. Il lui faut presque 30 minutes pour démarrer et 30 autres bonnes minutes au climax, à nous faire tirer une fin en longueur... En plus d'un abus d'effets visuels un peu trop dur, sur la fin..


Mais au-delà du divertissement, le film réussit à capter une émotion universelle, presque philosophique, sur l’absurdité de la vie et notre quête insatiable de sens dans un monde en perpétuel changement. Une fable moderne, sur le fait que même dans le chaos de nos vies, ils restent quelques instants de grâces qui valent le coup d'être vécu. Une réponse simple et pleine de compréhension envers le nihilisme de nos sociétés qui m'a beaucoup touché.

C'est raconté de manière simple, avec une belle dose d'humour, remplaçant le concept et le mot de nihilisme par un simple Bagel inter dimensionnel.

Il nous pousse à réfléchir à l’essence même de notre existence et de nos relations avec les autres, en exposant le ridicule et la beauté de ce qui fait de nous des êtres humains. L’humour et l’émotion y cohabitent, non pas pour atténuer la profondeur de l’un ou de l’autre, mais pour renforcer leur intensité, offrant une réflexion subtile sur la condition humaine.


La relation entre Evelyn et sa fille Joy est particulièrement marquante. Elle incarne cette lutte intergénérationnelle où se confrontent incompréhensions, attentes déçues et amour indéfectible. Dans un monde où tout semble s’effondrer, où les dimensions se heurtent et se déforment, ce lien reste tangible, une ancre qui donne au film sa dimension la plus intime et la plus universelle. C’est un rappel que, malgré les chemins multiples et les choix innombrables, ce qui importe réellement, c’est l’amour que nous portons à ceux qui nous entourent.

Simple, efficace, mais tellement bien raconté et mis en scène que j'ai encore le poil hérissé à l'écriture de ces lignes.


Je veux aussi garder en mémoire les nombreux moments comiques, avec ces choix de dimensions tous plus délirant les uns que les autres. Ces répliques qui savent briser le rythme de certaines révélations avec brio et cette tendance qu'à le film à vouloir connecter les générations entres elles, via cette facette humoristique me semble très pertinentes.


Au final, Everything Everywhere All at Once est un film qui embrasse tout!

Les rêves inaboutis, les frustrations, l’amour, et même l’absurde... Avec une honnêteté désarmante et une inventivité débordante. En sortant de ce visionnage, on se sent remué, mais aussi étrangement apaisé. C’est une œuvre qui laisse une empreinte durable, une invitation à embrasser la complexité de nos vies avec humilité et reconnaissance.


Comme son titre l'indique, c'est une œuvre dont la prouesse est de nous proposer, tout, partout et en même temps. C'est la gorge déployée que j'ai pris des fous rires et, à gorge nouée, que certains dialogues et regards m'ont profondément atteint.

C'est du grand art.


Alors si vous vous êtes retrouvé à lire ces lignes par hasard, car vous n'avez certainement rien d'autre de mieux à faire, ne sombrez pas dans la tristesse... Car il existe un univers dans lequel nos doigts sont des saucisses et se serait certainement encore pire à vivre. ;)

KumaCreep
9
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le 10 nov. 2024

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Anthony

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