Evidence
6.4
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Court-métrage documentaire de Godfrey Reggio (1995)

Une courte mise en abyme troublante et efficace !

J'ai lancé cette oeuvre qui s'apparente plus à un court-métrage qu'à un documentaire par simple curiosité puisque c'est le fameux réalisateur de Koyaanisqatsi, Gofrey Reggio qui est l'auteur de ce mini chef-d'oeuvre. Et comme j'avais beaucoup apprécié son documentaire contemplatif, je me suis dit pourquoi pas essayer de voir ce qu'il est capable de faire sur un CM. Mais je ne m'attendais pas à grand chose car il est assez rare tout de même de trouver un réalisateur qui parvient à véhiculer les mêmes émotions sur une plus petite durée.

Et finalement, quelle belle SURPRISE !!! Ce documentaire m'a totalement captivé, les jeux de regard de ces différents enfants sont vraiment troublants et terriblement efficaces. J'ai en effet ressenti une certaine mysticité dans les yeux de ces "gamins", qui m'a permis de vraiment développer mon imagination sur ce CM.

Tout d'abord j'étais en totale admiration devant ces jeunes regards pleins d'insouciances. Quoi de plus difficile que d'interpréter le regard d'un enfant qui ne sait pas encore gérer la plupart de ses émotions. Il est encore plus compliqué de les analyser lorsque l'on doit suivre une dizaine de regards d'enfants. Je suis ainsi passé d'un sentiment d'admiration à une certaine forme d'inquiétude au point de me demander "mais qu'est-ce que j'ai fais pour que ce gamin me regarde comme ça".

Ainsi me sont venues plusieurs interprétations sur ces fameux regards . Premièrement, je me suis demandé si ils ne me regardaient pas comme si j'étais coupable de les faire entrer dans notre monde actuel rempli d'angoisses et de contraintes inutiles.

Ensuite, je me suis demandé si ce CM n'était pas un complément à sa pensée véhiculée dans Koyaanisqatsi pour pouvoir accentuer la contemplation de ce monde. Comme si finalement ce CM, était en quelque sorte une forme de "post-traumatisme" de Koyaanisqatsi. Puisque l'on voit clairement au début et à la fin de ce CM un homme et une femme avec des regards sereins et avec une lecture beaucoup plus explicite puisque ils sont ancrés dans notre société. Mais les enfants ne savent pas encore comment réagir face à ce monde "Koyaanisqatsisé" (heureusement que c'est pas un verbe celui-ci), et cela peut expliquer ces regards inquiets.

Après, j'ai fini par imaginer que ces enfants avaient peur d'être finalement formatés par notre vie sociétale. Notamment, si l'on interprète le regard de l'homme au départ comme étant autoritaire et assez directif. Une peur finalement de l'uniformisation, de la standardisation de nos actions etc .... On voit également certains enfants prêts à pleurer; signe sans doute d'une société qui laisse de moins en moins de place à la liberté d'expression ou de création que l'on discerne également dans Koyaanisqatsi, notamment du fait que la technologie a pris une place parfois démesurée dans notre vie quotidienne.

Enfin, grâce à la dernière phrase explicative de ce que les enfants regardaient, je me suis dit que toutes mes versions pouvaient être exactes, même si je n'ai aucune preuve (petit clin d’œil au titre). Ces enfants regardent finalement avec stupéfaction l'objet qui représente sans doute le plus l'évolution de l'homme et sa dépendance face aux NTIC, la télévision.
Mais regardaient-ils la télé en étant encadrés par l'homme du début et la femme de la fin, ou étaient-ils des projections de la télévision ? Ou tout simplement regardent-ils la télé sans aucune idée précise, comme si cet objet de communication de masse avait empêché leurs esprits de s'émanciper ? Ces enfants étaient-ils bloqués dans un monde fiction loin de nos réalités concrètes ?

Dans tout ce que je viens de raconter je me doute bien que de nombreuses personnes ne ressentiront pas ce sentiment et mettront un 3 ou 4 en disant que ce que je racontais c'était du grand n'importe quoi. Mais moi, cette oeuvre m'a vraiment marqué et troublé du fait qu'elle paraît à la fois être très accessible et en même temps tellement impossible à analyser parfaitement.

Par ailleurs, ce doc m'a permis de me rappeler Ô combien j'apprécie son oeuvre principale Koyaanisqatsi, ça m'a même donné envie de le revoir prochainement.

Si vous le pouvez en tout cas, essayez de voir ce CM, ça ne vous prendra pas beaucoup de temps seulement 7 min.
https://www.youtube.com/watch?v=vuI_nCADnW0

Créée

le 21 août 2014

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Extraphile

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