Evilenko
6.6
Evilenko

Film de David Grieco (2004)

Le pire serial killer de tous les temps.

On ne décroche pas facilement d'Evilenko. Et pour cause: le film s'éloigne totalement des canons hollywoodiens en matière de thrillers et de films de psychopathe. Ici, le réalisateur s'attache à faire un parallèle troublant entre la déliquescence de la société russe soudain privée des repères du communisme et l'effondrement psychique d'un homme qui laisse enfin exprimer ses pulsions pédophiles, meurtrières et cannibales. L'extérieur rejoint l'intérieur. Une impression lugubre plane tout au long de l'histoire. Quelque chose dans la vétusté des décors, l'interprétation entre retenue et grotesque de McDowell, l'éclairage blafard et, surtout, la mise en scène et le scénario à la fois surprenants et classiques. Les scènes présentées sont rarement celles auxquelles on s'attend. Il y a toujours un décalage, quelque chose qui ne va pas, qui ne s'explique pas. L'étrangeté ne nous quitte pas, et on ne peut s'empêcher d'attendre la fin pour avoir les réponses à nos questions. Et là, déception.

Le réalisateur ne savait pas exactement où il allait. Le modus operandi du tueur, pierre d'achopement du récit, est tout simplement inexplicable, voire incohérent. D'une victime à l'autre, on passe d'une psychologie rationnelle à ce qui ressemble à un délire de style fantastique sans la moindre explication. Le comportement du tueur, tantôt presque omnipotent, tantôt tout simplement pitoyable ne suit aucune évolution logique. L'aspect le plus fascinant du film n'était qu'un énorme coup de bluff...

Le résultat n'en demeure pas moins recommandable, tant l'originalité de l'ensemble interroge et parvient à capter l'attention. Un genre éculé vu à travers un point de vue novateur et dérangeant, d'une sobriété qui n'a d'égale que son efficacité. S'il n'y avait ce sentiment de frustration légitime chez le spectateur, Evilenko se serait classé dans le panthéon des thrillers psychologiques.
Amrit
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le 18 juil. 2011

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