"L'Homme est-il une machine pour l'Homme ?"

C'est là, toute la question posée par ce film.


L'histoire se déroule dans un lieu clos, la maison de Nathan, Big boss de BlueBook le numero un des moteurs de recherche. Nous y rencontrons 4 protagonistes : Nathan, Caleb, Ava et Kyoko.


Deux sont humains et deux sont des robots dotés d'une intelligence artificielle dernier cri.


Le film pose alors cette problématique : qui est humain, physiquement et moralement ?


Ava, personnage au centre du film comme de la maison. Enfermée par Nathan, à des fins d'étude et de test où elle doit prouvée son humanité, Ava, au visage d'ange posé sur un corps mécanique (qui n'est pas sans rappelé Gally du manga Gunnm / Alita : Battle Angel), se languit dans sa prison de verre et de béton où elle rêve de liberté. Aux yeux de Caleb qui s'entretient avec elle durant plusieurs courtes sessions, elle a tout ce que lui attend de l'Humanité : empathie, chaleur, espoir.


Nathan, milliardaire entrepreneur et ingénieur de génie, vit seul dans sa luxueuse villa. Nathan représenté le côté sombre de l'Humanité, ce comportement qu'on qualifie souvent d'inhumain : l'avilissement. (Nota : La définition du Larousse est très intéressante : "Avilissement : action d'avilir, l'avilissement est le but de la torture"... Physiquement, il partage ses journées entre musculation (répétition mécanique de mouvement) et vidage de bouteilles (considéré ici, également comme une action mécanique sans but et sans réflexion). Socialement, Caleb est son employé et doit donc lui obéir sans réserve suivant les protocoles qu'il a défini. Ses créations ont le même but : le servir, puisqu'il leur a donné la vie.


Kyoko, sa domestique et esclave sexuel, lui est soumise totalement, allant même jusqu'à accepter l'humiliation, sans la moindre plainte.


Elle semble alors n'être qu'une machine agissant comme telle, au même titre que la maison, pouvant être considérée comme un cinquième personnage, soumis à Nathan. La fin du film nous montrera pourtant que de muettes et dociles machines peuvent se révolter comme des humains, poussés à bout par trop de soumission et de privation. Le fait que toute les créations précédentes de Nathan soit des femmes, révèle également un désir de domination de leur créateur (et de sexualité - non-humaine - qui renforce l'isolement social de Nathan).


Caleb est le personnage "moyen", oscillant entre l'humain qui agit mécaniquement, par rapport à sa culture sociale vis à vis de son patron (respect d'une hiérarchie et de règles établies), et l'humain qui agit avec son cœur (empathie, dégoût de la cruauté, rébellion). Son but dans l'histoire est de tester Ava (ou plutôt son intelligence artificielle) pour savoir si son comportement est "humain".


faisant preuve lors des premières sessions de beaucoup d'humanité par son admiration et son empathie, il va peu à peu finir par agir comme une machine, programmée pour agir comme l'aura voulu la machiavélique (et donc humaine ?) Ava.


Pour illustrer mes propos, j'ai choisi une scène emblématique du film : la métamorphose d'Ava (ATTENTION SPOILER) :


Le bras arraché après un combat contre Nathan, Ava part dans la réserve des anciennes créations du milliardaire. En chemin, elle croise Caleb, lui ordonne de ne pas bouger (sans contrainte ni menace) et ce dernier obéit docilement. Les rôles ont été inversés.
Ensuite, Ava utilise les corps partiels et mis au placard des femmes androïdes qui l'ont précédée. Agissant comme un être humain devant une nouvelle garde-robe, elle va se changer, ou plus exactement se métamorphoser tel une chenille imparfaite en un splendide papillon, en s'admirant devant le miroir et en esquissant des sourires de satisfaction. Au contraire, Caleb qui l'observe de l'autre côté d'une petite cour vitrée n'est plus qu'une camera, une machine immobile dont la seule fonction est de voir et d'enregistrer.
Enfin, Ava, métamorphosée, part à la découverte du monde. Le film se finit alors qu'elle arrive au milieu d'un carrefour traversé par une foule, lieu qu'elle considère comme le symbole de la vie humaine et son fourmillement. Caleb, lui, va finir ses jours comme faisant partie intégrante de la machine, un accessoire sans vie de plus.


J'ai donc vu dans ce film en huis-clos, une réflexion sur l'humanité, son désir de domination et sa nature même. Est-on humain parce qu'on le naît ou le devient-on en agissement comme tel ?
Une autre lecture du film consiste à considérer que l'Homme est une machine imparfaite (et donc ce qu'il crée aussi).


Avis sur le film : 8/10. Beaucoup aimé ce film, les personnages et le scénario. Le rythme lent est parfois rallongé de longueurs dispensables. Le thème de l'Intelligence artificiel trop humaine qui n'est pas si original que ça (Blade Runner, Terminator, I Robot, IA Intelligence Artificielle,...) est traitée de façon sobre et moderne (et non futuriste !). Un bon moment de thriller. Fantastique, ou pas ?

JeanClaudeNorris
8

Créée

le 25 sept. 2018

Critique lue 377 fois

1 j'aime

Critique lue 377 fois

1

D'autres avis sur Ex Machina

Ex Machina
Morrinson
7

Non, les androïdes ne rêvent plus de moutons électriques

Ex Machina correspond à l'idée que je me fais d'un film simple, malin, et (surtout) réussi. Les ingrédients sont élémentaires : une idée originale, en phase avec son époque et exploitée habilement du...

le 9 mars 2015

102 j'aime

24

Ex Machina
amjj88
9

Mon coup de coeur Festival

Ex_machina a tout d'un grand. Malgré une thématique presque rédhibitoire tellement elle a été vue et revue ces dernières années, j'ai été enchanté par la manière dont Alex Garland tire son épingle du...

le 2 févr. 2015

92 j'aime

18

Ex Machina
EvyNadler
8

Real robots

Mais que vaut ce Ex Machina réalisé par l'une des nouvelles pointures de la science-fiction, à savoir le bouillonnant d'idées Alex Garland (scénariste sur 28 jours plus tard, Sunshine, Never let me...

le 26 juin 2015

55 j'aime

3