Au milieu des super-productions testostéronées sorties récemment et mettant en exergue le pouvoir créatif quasi-divin de l'Homme, sortait le discret Ex-Machina. Un projet sans doute un peu casse gueule quand on essaye de se faire une place entre l'Indominus Rex (Jurassic Park) et Ultron (Avengers), le tout avec un thème qui a été exploité un certain nombre de fois et dont on pouvait craindre qu'il n'apporte rien de plus au genre.
Pourtant, Ex-Machina réussit à faire exactement ce que l'on attendait de lui en proposant un angle d'attaque différent sur l'Intelligence Artificielle, plus humain, plus sincère, plus troublant, arrivant à créer une ambiguité déroutante sur l'IA et ce qu'elle est : Là où le cinéma nous avait habitué à des robots intelligents, on se trouve ici en présence d'un être humain mécanique. Et il s'agit d'une différence fondamentale. D'AstroBoy à C3PO en passant par Robocop ou Terminator, aucune machine n'avait jamais vraiment réussi a vous faire croire qu'elle était humaine et on a eu beau (pour certains) les avoir respecté, aimé, envié ou détesté, on ne les a jamais considérés comme faisant partie "des nôtres".
C'est précisément ce qu'Ava réussit à faire, créant cette sensation de confusion qui fait toute l'atmosphère du film et qui va rapidement torturer le héros, voyant le test de Turing lui revenir en plein dans la face : Alors que -pour simplifier- on lui incombe la tâche de répondre à la question "Peut-on traiter une machine comme un Homme ?", l'existence d'une IA douée d'une personnalité bouscule finalement l'ordre des mots pour devenir "Peut-on traiter un Homme comme une machine ?".
Le scénario exploite parfaitement l'actualité, s'inspirant de la puissance de frappe et des ambitions démesurées des géants comme Google ou Facebook pour amener à la naissance de l'IA. C'est très bien joué et suffit à rationnaliser les compétences d'Ava, le tout en gardant ce qu'il faut de mystère au sujet de sa construction. On évite ainsi de s'enfoncer dans les théories et autres défis techniques / scientifiques, pour garder un maximum de crédibilité et faire d'Ava un personnage viable.
La performance des acteurs est excellente, les décors sont réussis, il n'y a pas grand chose à reprocher à ce film si ce n'est peut-être une fin qui s'éternise un tantinet ainsi que certaines scènes qui ne sont pas aussi oppressantes qu'elles aspiraient à l'être.
Je conclurai en ajoutant qu'il s'agit d'un joli tour de passe-passe d'avoir réussi un film de science fiction avec en tout et pour tout 4 personnages et une maison pour décor (si il y a bien des scènes en extérieur, elles sont rares et très courtes).
Une réussite sur tous les points donc !