Ex Machina est un film racontant l'avancée d'un grand scientifique qui parvient à concevoir un robot féminin doté d'une intelligence artificielle hors-norme. Il propose alors à un heureux élu de tester ce robot à travers des échanges oraux directs. On suit donc ce personnage d'apparence timide et introvertie, face à un Oscar Isaac (dont son talent n'est désormais plus à prouver) au contraire totalement à l'aise, grande gueule, complexe et contradictoire, le tout qui en fait un personnage fascinant.
D'entrée le film nous en met plein la vue avec une photographie et des travellings exemplaires, dignes d'un film à gros budget. C'est beau c'est stable c'est saturé. Mais surtout le réalisateur ne joue jamais sur la sur-esthétisation qui est souvent le syndrome du premier film (coucou Ryan Gosling). Ici tout est sobre mais hyper classe. La musique est à la fois mystérieuse et oppressante et s'accorde parfaitement avec l'ambiance à la fois glauque et un peu malsaine qui réside dans la maison. Maison qui est l'unique lieu dans lequel nous évoluons, excepté lors des scènes d'intro et de fin.
J'ai beaucoup aimé le fait que le film joue énormément sur les sentiments. On trouve vite les personnages attachants et on ressent de la véritable empathie pour eux, qu'ils soient bons ou mauvais, et on a toujours envie d'en savoir un peu plus sur eux.
La progression de l'intrigue s'effectue dans une certaine lenteur absolument pas dérangeante puisqu'on nous sert des rebondissements et des révélations en permanence. En revanche on note quelques scènes franchement redondantes qui auraient gagné à être raccourcies, ou mieux tout simplement éliminées du produit final. De même que la morale de l'histoire, bien qu'assez imprévisible, arrive puis repart à toute vitesse et n'est pas assez développée à mon goût.
Ex Machina est un excellent huis clos plein de poésie qui arrive à surprendre avec un pitch de départ pourtant classique. C'est au final un film psychologique et dramatique plutôt qu'un film de science-fiction, qui privilégie surtout le fond mais en laissant une forme très agréable à l'oeil. Dommage que l'on s'ennuie un peu juste avant la longue scène finale qui arrive à divertir à nouveau.