Je viens de finir ce film qui est la première réalisation d'Alex Garland, un scénariste de métier reconnu et auteur notamment de 28 jours plus tard. Pour un premier film, on peut dire que Garland fixe la barre très haute. Il nous offre un excellent film de science-fiction qui entrera certainement dans l'histoire pour sa beauté et son message. Ex Machina raconte l'histoire de Caleb, un jeune programmateur qui remporte un prix, une semaine chez le grand patron de sa boite. Ensemble, ils vont faire passer le test de Turing à une intelligence artificielle nommée Ava. Le postulat du film est de réfléchir sur le rapport en l'homme et la machine.
Tout d'abord, quelle beauté. Ce film est une claque esthétique. L'animation entourant l'intelligence artificielle est splendide, il y a une vraie fracture entre l'humanité et la mécanique de son corps. Pourtant, cet être mécanique est simplement magnifique, digne de certaines créatures célestes. Ensuite, le film possède des effets visuels vraiment subtils. Entre les différentes teintes de couleurs, allant du gris au rouge, le directeur artistique s'est vraiment donné du mal pour que le film soit visuellement parfait. Pourtant, les décors sont relativement sobres : majoritairement, on retrouve des salles vitrées, jouant sur un effet de miroir qui permet de capter un peu plus les expressions des acteurs/actrices.
La force du film tient en grande partie sur la performance d'Alicia Vikander. Elle est tout simplement magnifique, dans tous les sens du terme. Elle parvient à rendre humain son corps mécanique, elle touche en profondeur la sensibilité du spectateur et nous ferait presque oublier que son personnage est une intelligence artificielle. De ses expressions faciales à sa démarche robotisée, elle parvient à nuancer pendant tout le film le côté humain du côté mécanique de son personnage : une performance vraiment forte. Domnhall Gleeson joue sur la sensibilité, c'est une sorte de diamant pure, qui se fait égratigner au fur et à mesure. Il représente une sorte de métaphore de l'enfant qui sommeille en nous et qui découvre quelque chose d'extraordinaire, une chose que l'on n'aurait jamais pensé voir. A l'inverse, Oscar Isaac incarne la noirceur, la violence, la solitude à l'état pur. On peut aisément faire un parallèle entre lui et Frankenstein, le créateur fou. Toute sa vie dépend de ses créations et de la réussite de ses dernières. Nous avons donc un trio principal vraiment exceptionnel même si Alicia Vikander est pour moi, la révélation du film.
Alors oui, certaines thématiques du film sont déjà vu : ce n'est pas le premier film sur l'intelligence artificielle et probablement pas le dernier. La thématique de l'amour impossible, celle du créateur fou, celle de la construction en série, ces thèmes sont souvent apparus dans les films de science-fiction. Mais, Alex Garland parvient à les tourner à sa manière et nous propose sa propre vision qui n'est pas forcément neuve mais qui, par son côté personnel, permet au film de gagner grandement en profondeur. La mise en scène sert également cette vision. Entre les passages d’enfermement, les parois vitrées qui font office de séparation, la scène de la danse, la mise en scène fait partie intégrante de l'histoire. Elle possède diverses significations dont une par exemple : l'impossibilité pour Caleb d'atteindre Ava. Le film possède une sorte d'espoir pessimiste. L'amour est probablement impossible pour Ava mais la liberté peut être atteinte.
"Rien n'est plus humain que la volonté de survivre", voilà la phrase de promotion que je trouve sur mon DVD et honnêtement, elle est parfaitement choisie. La grande force du film se trouve dans cette phrase. Le personnage d'Ava veut simplement survivre. Alors certes, elle n'utilise pas forcément la méthode la plus sympathique qui soit mais son combat pour vivre est splendide. En tant que spectateur, on a vraiment envie qu'elle s'en sorte, qu'elle ne soit pas débranchée, que la part d'humanité en elle se montre au grand jour. C'est pendant la séquence finale, où le personnage d'Ava revient à la chair qui fait de nous des humains que le film prend vraiment un sens philosophique. C'est le retour à la chair, cette chair est le liant entre l'humain et la machine, ce qui va permettre au personnage d'Ava de devenir une. Quel beau message vraiment.
**Découvrant Alex Garland avec son nouveau film dont je parlerais très prochainement, j'ai eu envie de voir ce film et bien je ne suis pas déçu. Je trouve que le message porte un sens important et nous renseigne sur notre lien avec les machines. Le film pourrait très bien se baser sur notre futur proche, avec Cortana et Siri, on possède déjà des sortes d'intelligences artificielles. Alicia Vikander est une révélation, touchante et splendide, elle montre qu'elle a mérité son oscar pour The Danish Girl. Ce film est un grand moment de cinéma et un grand moment de science-fiction, à découvrir de toute urgence. **