Œuvre significative des années 80 et de la chevalerie fantastique au cinéma, Excalibur, adaptation romanesque de la légende arthurienne par John Boorman, reste aujourd'hui encore l'une des meilleures adaptations des récits chevaleresques de celui qui a retiré l'épée du rocher, si ce n'est la meilleure. Désireux de proposer un long-métrage sur les exploits de l'enchanteur Merlin puis une première adaptation du "Seigneur des Anneaux", l'hétéroclite John Boorman (il vient d’enchainer Délivrance, Zardoz et L'Exorciste II) se penche ainsi sur toute la vie du roi Arthur, de son couronnement à sa mort à travers un film dense, peut-être même trop court pour contenir autant de mésaventures...
Initialement prévu pour durer 4h30, le film est raccourci à 3h puis finalement 2h20, une durée qui ne suffit hélas pas à rendre vraiment consistant un récit que l'on sent ici précipité, les époques se chevauchant sans réelle timeline. Toutefois, au-delà de ce léger défaut et d'une interprétation parfois un poil trop théâtrale (en particulier Nicholas Clay qui campe un Lancelot un poil trop chevaleresque), Excalibur est une œuvre bouleversante, puissante grâce à une imagerie dantesque, une musique envoutante signée Trevor Jones, des effets spéciaux réussis et un ensemble parfaitement cohérent qui mêle habilement fantastique et réalisme. Boorman nous entraîne rapidement dans un monde de magie et de traîtrises, d'affrontements terriblement humains, de passions dévorantes.
Interprété tout du long par un casting quasiment irréprochable, de Nigel Terry en Arthur convaincant à Helen Mirren en Morgane perfide en passant par Nicol Williamson, tout bonnement parfait en Merlin sans oublier les premiers rôles de Patrick Stewart, Liam Neeson et Gabriel Byrne, tous épatants. Puisant dans un imaginaire visuel époustouflant, le réalisateur britannique n'hésite pas à nous en mettre plein les mirettes à grands coups de décors fabuleux, comprenant plaines brumeuses et forêts mystérieuses, sublimés par un sens du découpage bluffant et une maîtrise totale du genre cinématographique. Une épopée inébranlable qui, malgré ses maigres défauts, continue d'émerveiller et d'appartenir aux meilleures adaptations de "Le Morte d'Arthur".