Considéré par la spécialiste du cinéma taiwanais Wafa Ghermani comme un film "anti-rébellion", Exécution en automne fait effectivement la réclame du confucianisme et de certaines valeurs dites "traditionnelles". Pionnier du "réalisme sain", courant cinématographique qui, sous couvert de montrer la réalité sous un angle enthousiaste et positif, servait les intérêts expansionnistes du gouvernement nationaliste chinois sur le territoire taiwanais, son réalisateur, Lee Hsing, lui-même issue de l'immigration chinoise, rétablit à travers ce drame carcéral une forme d'ordre moral. Ainsi donc, la nature de Pei Gang, condamné à mort pour l'assassinat de trois personnes, se bonifiera au cours de sa détention. Décrit comme tel, Exécution en automne apparait effectivement comme un pur film de propagande très manichéen. Seulement, le réduire à un simple tract politique ne serait pas rendre justice aux nombreuses qualités d'écriture que présente son scénario, ni aux remarquables efforts déployés par Hsing sur le plan de la mise en scène.
Exécution en automne se révèle ainsi un drame fort et poignant par ce qu'il montre du sentiment de culpabilité rongeant les personnages. Loin de se concentrer uniquement sur Pei Gang, le film accorde de l'intérêts aux états d'âmes des individus gravitant autour de lui, et dont chaque portait montre la faillite d'une éducation permissive (en cela, le film est très confucéen) et les conséquences parfois néfastes des erreurs de l'ancienne génération sur la nouvelle. Lee Hsing égratigne également très légèrement les institutions, notamment l'inefficacité relative du système judiciaire et carcéral, qui ne corrige le comportement criminel des détenus ni n'accorde de seconde chance aux repentis. C'est d'ailleurs non grâce au système, mais par le dialogue entamé avec le directeur de la prison que Pei Gang accédera à la rédemption.
Une richesse thématique portée par une mise en scène admirable. Se déroulant en quasi huis clos, Exécution en automne n'est pourtant pas un film statique : le jeu sur les saisons, et la remarquable utilisation du travelling, qui souligne autant l'enfermement qu'il réunit dans un même mouvement les intérieurs et les extérieurs, dynamise le récit en faisant circuler l'énergie émotionnelle à l'écran. Certains plans, de par leur composition, sont d'ailleurs désarmants de force et de beauté.
L'ensemble de la distribution vient apporter la dernière touche à ce joli tableau, avec une mention spéciale pour Hsiang-Ting Ko, très émouvant dans le rôle du directeur de la prison.