Continuant de tourner à un rythme effréné, et après avoir proposé le remarquable diptyque Election, Johnnie To met en scène Exilé, où il va s'intéresser aux relations entre cinq tueurs à gage dont l'un a quitté le métier pour s'occuper de sa famille.
En tout cas, en quelques films vus, il m'a plutôt fait bon effet Johnnie To malgré quelques failles dans son cinéma, il parvient à créer des ambiances assez fortes, sur des scénarios vraiment bien ficelés. Ici, il axe son oeuvre autour des thématiques de la loyauté et de la vengeance, nous faisant suivre une histoire et des personnages qu'il traite bien, devenant intéressant voire passionnant. Il démontre d'abord une certaine maîtrise du scénario, sachant bien le raconter et surtout y mettre de l'intensité, et il en est de même pour les protagonistes et les relations qu'ils entretiennent.
Ses choix sont payants, à l'image de limiter les dialogues et de faire passer les propos et le poids des confrontations par le biais du jeu des comédiens ainsi que des regards ou des gestes. N'hésitant pas à ne pas forcément se prendre aux sérieux, il démontre une parfaite maîtrise du polars, mais aussi du temps et du calme avant la tempête. On ressent aussi une certaine influence du cinéma occidental, notamment quelques références à Sergio Leone, mais Exilé est bien un film personnel et surtout âpre, constamment sous tension et dans lequel on est plongé via une ambiance forte, immersive où tout sonne toujours vrai.
Johnnie To démontre aussi un véritable savoir-faire pour ce qui est de la mise en scène de l'action, avec des fusillades mémorables qui ne nous laisse jamais de répits. Esthétiquement superbe, l'oeuvre combine parfaitement le fond et la forme, tandis qu'il n'hésite pas à proposer d'excellentes idées de réalisation, avec une bande-originale collant parfaitement aux images. On pourra aussi apprécier de remarquables comédiens, sachant véhiculer les émotions des personnages, en particulier Anthony Wong et Nick Cheung.
Johnnie To propose avec Exilé un polar âpre et tendu où, tout en proposant une oeuvre forte par ses personnages et les émotions en découlant, il livre aussi un pur condensé d'action remarquablement mis en scène et interprété.