Retrouvez mes critiques sur Instagram : la_septieme_review

Depuis combien de temps n'avais-je pas ressenti une telle tension devant un film ?

CUTTERHEAD, ou EXIT, est un projet qui avait attiré mon attention au détour de quelques teasers et articles il y a plusieurs mois. Je guette le plus possible les films qui ne bénéficient pas d'une grande promo mais qui sont, souvent, des réussites.

Celui-ci rentre parfaitement dans cette case. Dans une ambiance froide, à la photographie âpre et réaliste, le cinéaste nous narre l'excursion d'une journaliste partie faire un reportage sur les ouvriers d'un chantier de construction d'un métro. Pitch simple qui gagnera toute sa force lorsqu'un élément perturbateur, dont je tairai la teneur, viendra l'enrichir.

Ne lâchant pas d'une semelle le visage des protagonistes, campés par des acteurs irréprochables, Kloster Bro épouse son sujet avec autant de simplicité que d'inspiration, sans user d'artifices qui annihilerait la suspension d'incrédulité du spectateur. On y croit, tout simplement. Le travail sonore, très travaillé, y est pour beaucoup et nous place directement aux côtés des personnages. Et quelle angoisse...

Rares sont les films où, arrivé le générique, je suis content que tout soit fini, pas parce que je n'ai pas aimé, mais parce que l'effet qu'il a sur moi est tellement intense que je suis soulagé de m'en libérer. Le récit m'a pris aux tripes et m'a sérieusement oppressé. Peut-être parce qu'il exploite une de mes peurs personnelles, mais aussi parce qu'il n'a pas hésité à se heurter à la souffrance psychologique qu'il induit. Il me semble vraiment impossible de ne pas ressentir de malaise devant certaines scènes...

Le réalisateur assume pleinement ses choix scénaristiques et les magnifient dans une spirale visuelle aussi puissante que dérangeante, aussi psychique qu'organique. Certains plans désorientent complètement, jusqu'à créer de plus en plus une perte de repères sensorielle et visuelle.

Une immense réussite.

Un seul regret: ne pas l'avoir découvert au cinéma, ou l'immersion et l'expérience auraient été décuplées.

CharlyVDC
8
Écrit par

Créée

le 2 juin 2022

Critique lue 42 fois

Charly_VDC

Écrit par

Critique lue 42 fois

D'autres avis sur Exit

Exit
EricDebarnot
6

Métro, c'est trop !

Résumons "Cutterhead" par une équation : "L'horreur de l'enfermement + la lutte des classes + l'homme (... et la femme, alors !) est un loup pour l'homme + l'illusion de l'Europe", le tout en 1h24...

le 19 avr. 2020

8 j'aime

Exit
mymp
7

Confine in me

Avec The platform, Cutterhead n’est pas vraiment le genre de film à regarder en ce moment, en plein confinement. Mais t’as pas pu résister. Et puis le buzz qu’il a provoqué dans plusieurs festivals...

Par

le 6 avr. 2020

8 j'aime

Exit
Fêtons_le_cinéma
8

Étouffer les critères de Copenhague

Cutterhead est un grand film sur le lien social entre les individus européens. Par son dispositif, il rassemble deux mondes qui normalement ne se rencontrent jamais : les ouvriers étrangers...

le 7 mars 2021

5 j'aime

Du même critique

Pieces of a Woman
CharlyVDC
5

Un film dépassé par son ambition

J'attendais ce film de pieds fermes. Peut-être trop. Je suis fasciné par les projets forts en émotion et PIECES OF À WOMAN me semblait être de cette trempe.Sur le thème du deuil prérinatal, sujet...

le 10 janv. 2021

20 j'aime

Presque
CharlyVDC
5

Presque dispensable

A l'origine de PRESQUE, une amitié de plusieurs années entre Bernard Campan et Alexandre Jollien qui s'est transformée en film sous l'impulsion du producteur Philippe Godeau.La rencontre entre deux...

le 2 juin 2022

5 j'aime

Noé
CharlyVDC
4

Russell boit la tasse

Qu'il m'est difficile de donner mon avis sur ce film.... J'ai découvert le travail de Darren Aronofsky avec REQUIEM FOR A DREAM, sans doute mon plus grand choc émotionnel cinématographique, puis THE...

le 8 déc. 2020

2 j'aime