Exit fait partie de ces films qui, lorsqu’ils sont sortis, m’avaient intéressé et que je m’étais procuré. Mais comme beaucoup de films, ils n’en sont restés qu’à ce stade-là, au fin fond de mon cerveau, sans que jamais ne me vienne l’idée de les regarder. Et puis un jour, un contact nous en parle, en bien, et on se dit « Ah mais c’est vrai que je l’ai ce film et que je voulais le voir ». Alors il ressort du recoin obscur où mon cerveau l’avait enfermé et il revient sur le devant de la scène pour une soirée où le maitre mot était « un film pas prise de tête et amusant » puisqu’il semblait répondre à ces critères. Il semblerait d’ailleurs qu’il a répondu aux critères de beaucoup de personnes puisqu’à sa sortie en 2019, le succès fut immédiat, terminant sa course avec presque 10 millions de places de cinéma vendues en Corée du sud, pour un total de 67M$US de recettes, devenant le 3ème film coréen le plus rentable de 2019 dans le monde (après entre autres le Parasite de Bong Joon-Ho). Alors il n’est en aucun cas question ici de chef d’œuvre du 7ème art, mais plutôt d’un petit blockbuster qui fait passer un bon petit moment.
Premier film du réalisateur Lee Sang-Geun (qui mettra en scène par la suite 2 O’Clock Date), également à l’origine du scénario, Exit est un film catastrophe qui se différencie de la masse par sa tonalité assez légère là où souvent, même dans son propre pays, on est dans quelque chose de plus lourd en termes d’ambiance (500 Mètres sous Terre, Tunnel, The Flu, …). C’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’il a attiré autant de monde dans les salles, le film ayant au final un côté assez familial. Exit suit l’histoire d’un homme qui tente de renouer avec un ancien béguin lors d’une fête de famille, mais à la suite d’un enchainement d’évènements, ils se trouvent à devoir échapper à un mystérieux gaz blanc qui se propage dans la ville et qui menace d’engloutir une bonne partie de Séoul. Les deux personnages principaux n’ont pas beaucoup de profondeur mais suffisamment pour ce que le film leur demande et ils deviennent vite attachants. Une des forces du film est la façon dont ils nous sont présentés et on sent bien que la thématique de la famille est au cœur du récit. Une famille qui se chamaille sans cesse, qui se balance des fions, mais qui au final s’aime plus que tout. Les péripéties qui arrivent au héros vont l’aider à prendre confiance en lui, à s’émanciper quelque part, et il s’agit d’une nouvelle variante du passage à l’âge adulte. Ces personnages sont souvent dans le cliché, avec un homme plus fort physiquement et plus fonceur avec en parallèle une femme plus frêle mais plus attentive, mais les deux acteurs forment un bon duo. Ils forment une bonne équipe, n’hésitant pas à mutualiser leurs idées sans que l’un ne prenne au final le pas sur l’autre, ce qui permet assez facilement de mettre en second plan leur côté un peu cliché. Ce duo fonctionne donc très bien, mais de manière générale, c’est tout le casting qui est très bon. Chaque personnage a une personnalité bien distincte et est facilement reconnaissable.
La mise en scène de Exit est très soignée, comme c’est souvent le cas dans le cinéma coréen, tout comme la photographie et le montage qui sont sans faille et qui donnent vraiment au film des allures de blockbuster. Le scénario est par contre très prévisible, bien que l’idée que la catastrophe provienne d’un gaz toxique qui va se répandre (en plus de créer une nappe grisâtre empêchant toute visibilité) change un peu des éternels tremblements de terre et autres tsunamis. L’histoire générale manque clairement d’originalité mais cela est compensé par un savant mélange des genres dont les coréens ont le secret, ici ça oscille entre comédie, thriller et catastrophe. Toute la première partie ressemble à une comédie familiale pur jus, ce qui permet, en plus de présenter les personnages, de mettre en place ce ton léger qui ne quittera jamais le film, mais il va virer soudainement au film catastrophe rempli d’action avec toujours un humour latent. Malgré l’histoire pourtant simple, la tension va monter crescendo et Exit va devenir un film plein d’énergie qui ne va jamais stagner et qui va très bien gérer son suspense en mettant en images plusieurs scènes assez héroïques avec des personnages effectuant de bien beaux exploits, qu’on voit certes venir mais qui font leur petit effet. A aucun moment ce n’est crédible et toute personne normalement constituée ne pourrait pas tenir sur la longueur quand on voit tous les efforts que doivent faire les deux personnages principaux, mais le rythme est tellement soutenu et la tension tellement bien gérée que la suspension d’incrédulité est bien là. Le réalisateur/scénariste va en profiter pour titiller les travers d’une société coréenne qui est beaucoup dans le paraitre, dans les apparences, une société où le statut social est très important et peut avoir un poids très important dans les relations humaines. Ce n’est certes pas très poussé mais c’est bien là.
Exit est un film amusant, bien mis en scène, plein d’action, qui compense ses défauts par des moments très agréables et un bon rythme. Loin d’être un chef d’œuvre du 7ème art (il n’en a pas la prétention), il est néanmoins un bon petit divertissement qui passe tout seul.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-exit-de-lee-sang-geun-2019/