Plaies intérieures
Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...
le 26 déc. 2014
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Ridley Scott n'a plus grand chose à prouver. Sa longue et florissante carrière de cinéaste lui a permis d'arpenter tous les genres possibles afin de se construire une notoriété implacable. Science fiction, polars, péplums ou encore biopics, il a su diversifier ses angles d'approche et toucher un très large public, lui justifiant ainsi cette image si solide, occupant parmi peu d'autres le panthéon des plus grands réalisateurs du cinéma contemporain.
Avec Exodus : Gods ans Kings, il renouvelle l'expérience du péplum, laissée jusque là de côté avec Gladiator et se donne les moyens de narrer le mythe biblique de la fuite des hébreux, guidés par le prophète Moïse. Un grand film épique de plus à compter parmi ses réalisations, Ridley Scott justifie tout de même et avant tout une véritable audace que de s'aventurer sur un terrain si bancal et controversé, suscitant à coup sûr la sévère désapprobation de certains spectateurs. Il adapte avec entrain et finesse ce grand mythe et prouve aux yeux de tous une certaine virtuosité. Sur sa durée de 2h30, Exodus s'avère conquérant sur bien des points.
De par une réalisation propre et travaillée au détail, le film ravit littéralement les yeux. Ridley Scott parvient à instaurer une ambiance historique des plus réussies, suscitant chez le spectateur un viscéral besoin de se cultiver davantage sur l'Egypte ancienne et le peuple hébreux. Le rendu visuel est bien présent et il est d'autant plus agréable de remarquer que l'aspect spectaculaire n'est absolument pas la priorité de Ridley, bien au contraire. Sur sa longue durée, il prend soin de développer avec finesse l'intrication de ses principaux protagonistes, laissant donc libre champ à ses vedettes. Bale est saisissant de justesse et incarne le prophète avec grande pertinence. Edgerton, individualiste et cruel, confirme toute sa prestance avec ce rôle sur mesure. A eux deux, ils sont le pilier même de toute cette émotion ressortissante, et Ridley l'a bien compris.
Exodus a le mérite d'être juste dans le développement de ses personnages au point d'en justifier une sorte de caractère anti-spectaculaire mais il est à noter que lorsque l'action prend forme, le spectateur se ravit de son étendue et de son efficacité. Les moments épiques ne sont certainement pas légion mais ont l'aptitude d'être savourés jusqu'au bout, sans le moindre signe de satiété ou de lassitude, ce qui n'est pas le cas de nombreux autres films du même genre. Après tout, ici, c'est Ridley Scott... Aussi, l'absence du côté pulsionnel et bestial des hommes, trop souvent exposé pour ce genre est une autre des preuves de cette sérénité et cette neutralité résultante chez Scott.
Quoiqu'il en soit, Exodus libère une force entière, saine, pourtant bâtie sur un récit éternel. Ridley Scott offre une fascinante une relecture du mythe biblique, un nouvel objet filmique à la structure narrative irréprochable et à la conception artistique exigeante. Certains lui reprocheront son caractère anachronique ou infidèle, comme toujours, mais j'en retiens essentiellement l'audace et le culot du réalisateur de s'être aventuré sur un terrain si risqué, tout comme Aronofsky avec Noé, pour exposer ses ambitions et son amour pour le travail bien fait. Exodus est un péplum juste et distinctif, tout comme un blockbuster luxueux et intelligent.
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le 29 déc. 2014
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