Il aurait pu être le fils bâtard de Gladiator, c'est dommage. Outre des costumes soignés quoiqu'un peu trop rutilants et une pléthore d'acteurs/actrices plus basanés qu'à l'accoutumée pleins de bonne volonté, d'implication et le plaisir de les voir tous réunis (sauf Sigourney, tu sers à rien) et bien ça s'arrête là.
J'ai entendu dire que la version cinéma était coupée de 40 bonnes minutes, soit, mais dans ce cas qu'on vienne pas se plaindre que la structure narrative morcelée fait défaut au film. Exodus se base sur la confrontation entre deux frères, amenés par des conséquences fallacieuses à vouloir la mort de l'autre. Le problème c'est que c'est la seule carotte au bout du bâton.


Pendant 2h30, Ramesses s'énerve, psychote et Moshé joue avec sa barbe capricieuse qui n'arrête pas de pousser puis de tomber puis de pousser, de grisonner puis de noircir puis de grisonner. Ridley perd son public en mettant en scène dès le début une séquence de bataille, pas très dantesque mais qui a le mérite de titiller les pores des avants-bras, et puis plus rien. Les frissons retombent, l'élan guerrier s'estompe puis disparaît pour faire place à deux bonnes heures de rien. Les personnages parlent, se regardent dans les yeux, gigotent un peu, Moïse s'en va faire une promenade dans le désert, fonde une famille, glande pendant 9 ans, finalement il revient, il regarde Memphis de l'autre côté de la berge toute la journée pendant 2 semaines sans rien faire, il prend les esclaves par la main puis les emmène faire une petite baignade.
Même les célèbres plaies d'Egypte sont bien fades dans le traitement que Ridley leur offre. On dirait un listing pur et simple, sans conséquences sur les enjeux du film, qui fait passer Dieu pour un gamin capricieux et désagréable au possible.


Les dialogues sont écrits avec toute la formalité la moins surprenante qui soit, ce qui relègue tous les personnages au rang de pots de fleurs, même Ramsès, qui ne devient que le spectateur de quelque chose qu'il ne contrôle pas et qui le rend au final amorphe et sans saveur. Toute la construction narrative repose sur Moïse et Ramsès, mais c'est un mauvais pari que les deux héros ne cautionnent pas. Aucun n'a les atouts ni le charisme suffisant pour donner à la mise en scène une bouffée d'intérêt, au delà du jeu auquel ils se livrent. Cette même mise en scène jonchée de décors numériques anecdotiques non exploités, ce qui aurait pu être un attrait visuel assez remarquable.


Si l'histoire est désordonnée, les séquences n'arrivent pas à construire un cadre temporel convenable et la mise en scène est au final pataude et évidente, que reste t-il ? Pas grand chose, tout le monde s'attendait à mieux, ça fait passer le temps mais ça ne réveille pas beaucoup de la nuit blanche qu'on a passé à rêver la renaissance de Ridley Scott.

Gaspard_Savoureux
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Of iron and leather

Créée

le 27 déc. 2014

Critique lue 184 fois

1 j'aime

1 commentaire

Critique lue 184 fois

1
1

D'autres avis sur Exodus - Gods and Kings

Exodus - Gods and Kings
Docteur_Jivago
8

Plaies intérieures

Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...

le 26 déc. 2014

53 j'aime

24

Exodus - Gods and Kings
ltschaffer
9

Des Hommes et des Dieux

"Notre sujet est inhabituel", nous adressait Cecil B. DeMille dans l'aparté introductif de son auto-remake des Dix Commandements. Et pour cause, le périple biblique de Moïse n'a réellement été adapté...

le 10 déc. 2014

50 j'aime

19

Exodus - Gods and Kings
SanFelice
8

Moïse, clochard céleste

Ridley Scott a une certaine capacité à me surprendre. Chaque fois qu'il paraît être en perte de vitesse, complètement perdu, n'arrivant plus à exploiter son talent dans un filon qu'il semble avoir...

le 9 mars 2015

45 j'aime

5

Du même critique

Queen and Country
Gaspard_Savoureux
5

C'était la guerre

John Boorman revient quelques temps en arrière et pose son regard sur le passé de son pays pendant la guerre froide. A cause de la guerre, l'armée se consolide, les règles gagnent en sévérité, les...

le 9 janv. 2015

5 j'aime

Le Secret de Peacock
Gaspard_Savoureux
8

Maman est en haut

Cette critique contient des spoilers Dans une petite ville de campagne américaine, un homme étrange et discret vit son quotidien avec une précision régulière. Il se lève, prend son petit déjeuner, va...

le 4 sept. 2014

5 j'aime

At Berkeley
Gaspard_Savoureux
8

Regarde et apprends petit scarabée

Berkeley est une université américaine, fondée en 1868, mondialement reconnue comme le meilleur exemple de l’éducation publique supérieure. C’est ici que Frederick Wiseman y réalise son documentaire...

le 3 sept. 2014

3 j'aime

1