Plaies intérieures
Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...
le 26 déc. 2014
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Il aurait pu être le fils bâtard de Gladiator, c'est dommage. Outre des costumes soignés quoiqu'un peu trop rutilants et une pléthore d'acteurs/actrices plus basanés qu'à l'accoutumée pleins de bonne volonté, d'implication et le plaisir de les voir tous réunis (sauf Sigourney, tu sers à rien) et bien ça s'arrête là.
J'ai entendu dire que la version cinéma était coupée de 40 bonnes minutes, soit, mais dans ce cas qu'on vienne pas se plaindre que la structure narrative morcelée fait défaut au film. Exodus se base sur la confrontation entre deux frères, amenés par des conséquences fallacieuses à vouloir la mort de l'autre. Le problème c'est que c'est la seule carotte au bout du bâton.
Pendant 2h30, Ramesses s'énerve, psychote et Moshé joue avec sa barbe capricieuse qui n'arrête pas de pousser puis de tomber puis de pousser, de grisonner puis de noircir puis de grisonner. Ridley perd son public en mettant en scène dès le début une séquence de bataille, pas très dantesque mais qui a le mérite de titiller les pores des avants-bras, et puis plus rien. Les frissons retombent, l'élan guerrier s'estompe puis disparaît pour faire place à deux bonnes heures de rien. Les personnages parlent, se regardent dans les yeux, gigotent un peu, Moïse s'en va faire une promenade dans le désert, fonde une famille, glande pendant 9 ans, finalement il revient, il regarde Memphis de l'autre côté de la berge toute la journée pendant 2 semaines sans rien faire, il prend les esclaves par la main puis les emmène faire une petite baignade.
Même les célèbres plaies d'Egypte sont bien fades dans le traitement que Ridley leur offre. On dirait un listing pur et simple, sans conséquences sur les enjeux du film, qui fait passer Dieu pour un gamin capricieux et désagréable au possible.
Les dialogues sont écrits avec toute la formalité la moins surprenante qui soit, ce qui relègue tous les personnages au rang de pots de fleurs, même Ramsès, qui ne devient que le spectateur de quelque chose qu'il ne contrôle pas et qui le rend au final amorphe et sans saveur. Toute la construction narrative repose sur Moïse et Ramsès, mais c'est un mauvais pari que les deux héros ne cautionnent pas. Aucun n'a les atouts ni le charisme suffisant pour donner à la mise en scène une bouffée d'intérêt, au delà du jeu auquel ils se livrent. Cette même mise en scène jonchée de décors numériques anecdotiques non exploités, ce qui aurait pu être un attrait visuel assez remarquable.
Si l'histoire est désordonnée, les séquences n'arrivent pas à construire un cadre temporel convenable et la mise en scène est au final pataude et évidente, que reste t-il ? Pas grand chose, tout le monde s'attendait à mieux, ça fait passer le temps mais ça ne réveille pas beaucoup de la nuit blanche qu'on a passé à rêver la renaissance de Ridley Scott.
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le 27 déc. 2014
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