Les sous-doués

Quatrième volet d'une saga en perte de vitesse, Expend4bles est en train de se faire éparpiller façon puzzle au box office. Pour votre bien, pour le bien du cinéma, passez votre chemin. Si la raclée financière peut suffire à annihiler toute trace de lui, ce serait dommage d'en garder des stigmates au fin fond de votre mémoire. Le cinéma d'action a rarement touché un tel niveau de nullité, et le pire c'est qu'il est impossible d'en rire. On ne peut que dénombrer les victimes et dresser le constat. Un carnage sur tous les plans.

À l'origine, une idée toute bête et attachante : rameuter les gloires du cinéma d'action burné et couillon (principalement des années 80) et s'en payer une dernière tranche. Sauf qu'elle est devenue une formule. Patatra. On descend d'un cran à chaque volet, sachant que ça partait pas de haut. Et nous voilà au stade final d'une dégénérescence programmée. Il paraît que le long-métrage a coûté 100 millions de dollars. Question : comment est-ce possible ? Où est passé cet argent ?

Pas devant la caméra, vu les prestations misérables "offertes" par ce casting ramollo. Statham fait du mauvais Statham, Stallone s'en tape, Lundgren et 50 Cent s'ennuient et Megan Fox fait peine à voir.Sauvons Andy Garcia qui s'en fout mais avec plus d'élégance. Et tiens, il y a Iko Uwais qui essaie les expressions faciales. Ça n'en fait toujours pas un bon acteur mais saluons le geste.
Niveau décors, c'est on ne peut plus simple : deux hangars, un bar et un cargo. Ah ça c'est cinégénique ! Et si possible pas trop en extérieur. Non vraiment, parce que dehors, c'est incrustations et effets visuels à volonté pour un résultat proprement scandaleux. Un demi-cran en dessous, c'est une production Asylum. C'est d'une laideur telle qu'il est irresponsable d'avoir sorti ça pour le grand écran. Qui sait le nombre de spectateurs obligés d'aller se rincer les yeux après une vision aussi douloureuse ? Mais donc, où qu'il est passé le flouze ? Ah aaaah derrière la caméra !

Non plus ! D'accord, on ne va pas voir un Expendables pour une histoire. À peine un prétexte pour du pan, du crac et du boum ! N'empêche, ce 4ème volet atteint des records de néant et de vulgarité. On en est à entendre des vannes sur la taille du pénis d'un des membres et les pratiques urophiles d'un autre. Quant à la mise en scène, deux-trois plans à la grue sympathiques...et voilà. Les scènes d'action sont plates, les combats filmés comme un mauvais DTV, les chorégraphies jamais mises en valeur et le montage du film est presque un effet spécial à lui-seul tant il défie toute cohérence. La (minable) scène d'intro avec Iko Uwais s'achève sur un fondu au noir expédié à la barbare, on enchaine avec nos héros pendant 10 minutes et hop on reprend la scène d'avant exactement où elle s'était arrêtée. Un exemple parmi tant d'autres (il y en a un paquet). Ne cherchez pas, que ce soit au niveau temporel, géographique ou narratif, rien ne tient debout. Plus personne n'en a quelque chose à battre.

Le cataclysmique échec du film signe au moins la fin de cette anachronique bande qui aurait dû s'en tenir à un seul délire (allez, deux pour Van Damme). Vu le résultat terriblement fauché, les studios censés éponger le déficit devraient lancer une enquête pour surfacturation. Expend4bles est un étron de gros calibre, indigne de sa distribution, indigne des fans de la franchise, indigne du cinéma d'action, indigne du cinéma tout court. Évidemment, à chacun de se faire son opinion. Mais rappelez-vous que vous feriez mieux de l'oublier.