le body-building est il soluble dans le jus de cerveau ?
Le cahier des charges posé par Sylvester Stallone était clair : réunir les stars des films d'action des années 80/90 pour un dernier baroud d'honneur décomplexé et honorifique. La brochette de gros bas dépêchée pour l'affaire était à la hauteur : Stallone lui même, Jason Statham en jeune premier, un Jet Li et un Mickey Rourke sur le retour, les moins connus Dolph Lundgren ou Randy Couture en second couteaux tirés et, enfin, Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis en guests de prestige (annoncés dès la bande-annonce).
Sur le volet « action », le film remplit son office. La chair s'entrechoque, brûle, explose. Pas de limites, le mauvais goût et la violence sont assumées, le spectateur en redemande. On tue du troufion au kilomètre, on ne compte pas ses minutions. De temps en temps, on croise un plus coriace qui oblige à sortir l'arme blanche ou à encaisser quelques coups. Rien de bien grave, on vous rassure.
Question hommage, le plaisir est grand de voir réunis les héros de nos premières poussées de testostérone cinématographiques. Vieillis, meurtris mais toujours présents, l'expérience et le poids du mythe en plus. A ce titre, une scène en particulier (dans une chapelle) use à merveille d'un double niveau de lecture : moitié hommage, moitié caricature complice.
A la lumière de cette scène (et, je l'avoue, de quelques autres trop peu nombreuses), on regrette que tout le film ne soit pas du même tonneau. Face à elles, les quelques dialogues de Jet Li ou Mickey Rourke, l'amitié virile de Stallone et Statham ou les discours des bad guys de service paraissent bien fades. Le premier degré du film d'action bête et méchant. Tout l'attirail de la brute musclée (motos, tatouages) est d'ailleurs de sortie. Manque de recul ou timidité à malmener ces stars (presque) déchues ? Les deux sans doute.
La réalisation aussi se maintient au premier degré. Les effets sont surlignés et les scènes d'action montées "haché menu" comme on le fait aujourd'hui. Les acteurs font le minimum (ce qu'ils peuvent ?) entre deux castagnes. Seuls Dolp Lundgren (et son personnage équivoque) et Jason Statham (sauvé par son charme so cool) incarnent ce mélange de classe décomplexée et d'autodérision assumée des films cultes.
« Alors alors » me diriez vous ? Les amateurs de films d'action ne doivent pas bouder leur plaisir, The Expendables est un bon film d'actions qui frappe là où on l'attend. Surtout pour ceux élevés aux action-movies du siècle dernier qui cacheront mal leur jubilation. Pour les autres qui cherchaient une relecture plus subtile de ce cinéma bodybuildé, il faudra repasser. Mais était-ce vraiment le propos ?