Hors Limites, 50M$ de budget. Film suivant, Explosion Imminente, 7M$ de budget. Ça y est, Steven Seagal est rentré dans le merveilleux petit monde du DTV et il ne le quittera désormais plus. Bien qu’il soit sorti directement en vidéo aux States, il a été distribué en salles dans certains pays, notamment au Japon où il s’est même classé 5ème au box-office de 2001, réalisant plus de recettes que le film précédent Hors Limites, et arrivant juste derrière Le Retour de la Momie. Ce coup-ci, c’est les petits gars de chez Nu Image qui se sont dit que, bon, Seagal a beaucoup moins la côte, mais il y a quand même moyen de se faire un peu de pognon avec lui. Sauf que ce film est une arnaque totale, du bon gros foutage de gueule. Explosion imminente ? Non, endormissement imminent ! Pourtant, il y a beaucoup à dire dessus, à commencer par sa conception.
A la réalisation, mon petit chouchou, Albert PYun, qui a littéralement déteste ce film et s’en est excusé publiquement à plusieurs reprises. Il a déclaré que Nu Image lui avait soudainement coupé les vivres après 12 jours de tournage, avant de lui prendre carrément le film et de l’assembler avec des images d’archives d’autres films de l’écurie Nu Image avant de le balancer dans tous les vidéoclubs. Pyun a depuis réalisé une sortie non officielle de son director’s cut, radicalement différent. Si on en croit ce qu’on trouve sur le net, Seagal offrirait une bien meilleure performance, l’histoire serait plus cohérente et le film commencerait par un monologue de Seagal, façon Bushido, sur la nécessité de se libérer de ses pensées de mort lorsqu’on désamorce des bombes. Ce director’s cut a été annoncé en 2011 par Albert Pyun lui-même, donnant plus de détails sur son contenu. Pyun envoyait même des copies (signées) de ce DC malgré la qualité proche d’une VHS (on trouve certains extraits sur Youtube). Dès l’introduction, on sent que quelque chose cloche. Certes, ça déménage pas mal, avec gunfights et moult explosions assez impressionnantes, mais lorsqu’on regarde bien le montage, on n’est pas sûr que Steven Seagal était réellement dedans alors qu’on le voit lors de plusieurs gros plans. Ça va etre comme ça tout le film, essayer de démêler le vrai du faux. C’est parfois assez sournois et ça passe comme une lettre à la poste. A l’inverse, c’est souvent assez grossier, comme une voiture qui va exploser et, lorsqu’elle explose, ce n’est plus le même modèle. Ou, lors d’une explosion, les décors aux alentours qui ne sont plus les mêmes que le plan précédent. Ça devient un jeu qu’on s’amuse à faire car avec tout ce bordel, c’est au final la seule chose amusante dans le film. Au final, ce sont des plans voire des bouts de scènes de plein d’autres films qu’on retrouve ici : Point of Impact (1993), Piège de Nuit (1994), Cyborg Cop 2 (1994), Ultime Violence (1994), Hard Justice (1995), Operation Delta Force 2 (1997) ou encore Octopus (2000), parmi tant d’autres. La séquence finale en hélico et sur le toit est presque entièrement constituée de séquences tirées d’Etat d’Urgence (1997). Des scènes de Les Démineurs (1998) ont été intégrées dans la séquence d’introduction. Et c’est comme ça du début à la fin. Quelle bande de petits joueurs ces Godfrey Ho et Joseph Lai avec leurs « deux en un » face à ce « 18 en un » qu’est Explosion Imminente !
Autre arnaque, Seagal n’a pas le premier rôle ici ! Remboursé !!! En plus, le bougre semble avoir pris beaucoup de poids, et il se contente de rester assis à son bureau ou dans sa voiture, sauf pendant les 15 dernières minutes où il se décide enfin à aller botter des fesses. Enfin, pas vraiment lui mais sa doublure car lui n’est là que pour qu’on filme son visage en gros plan car il ne faudrait pas qu’on voit son embonpoint. Il semble s’ennuyer et menace de s’endormir d’une minute à l’autre. Dennis Hooper est tellement mauvais que ça en devient presque hilarant, surtout que pour on se sait quelle raison, il prend un accent irlandais absolument risible dans ce rôle qui est clairement une reprise de celui qu’il avait dans Speed. Seul Tom Sizemore tire son épingle du jeu et semble y croire un peu mais devant le peu qu’on lui demande de produire, ce n’est pas la panacée non plus. La réalisation est également à la ramasse, en partie à cause des problèmes de production cités plus haut. Il y a des erreurs de continuité, le montage est tout simplement bâclé, et pour couronner le tout, le manque de budget se ressent très souvent. La scène de fond bleu dans la voiture en est l’exemple même mais c’est parsemé de détails (des hélicoptères de la Police sans sigle « Police » qui sentent la location, des plaques d’immatriculation fantaisistes, des explosions prises d’autres films donc …) qui trahissent ce faible budget. Et puis le final, ou l’absence de final plutôt, avec une bombe à désamorcer. Seagal va vers elle en marchant parce que pourquoi se fatiguer, il coupe le fil et voilà, générique de fin. Pas de suspense, pas de combat final, rien. Le foutage de gueule est total, la faute n’est pas entièrement à rejeter sur Albert Pyun tant le studio est venu faire n’importe quoi lui aussi et c’est pour le moment, et de loin, le pire film de Steven Seagal depuis ses débuts.
Retiré des mains du réalisateur à mi tournage puis remonté par Nu Image avec des bouts d’autres de leurs films, Explosion Imminente est un naufrage de tous les instants avec en plus un Seagal en retrait qui fait le strict minimum. A la poubelle.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-explosion-imminente-de-albert-pyun-2001/