"Exte" est le type de projet dont l'on devine très rapidement de quelle région du monde il provient sans s'être renseigné sur le casting ou n'avoir vu aucune image. Oui il n'y avait que le Japon pour y parvenir avec ses prises de risque toutes aussi insensées et jubilatoires les unes que les autres (même si l'on a jamais été à l'abri de ratés). Le bonhomme derrière le film n'est pas n'importe qui vu qu'il est un ponte du milieu en la personne de Sion Sono qui s'est fait connaître à l'international avec son fameux "Suicide Club". Mais le registre sera tout autre puisqu'il sera question de cheveux. Et non nous ne verrons pas de portrait à la Sadako mais bien une vengeance obscure d'un cadavre dont les cheveux poussent continuellement. Un type un peu fêlé et fétichiste est persuadé de faire fortune avec sa poule cadavérique aux oeufs d'or en fabriquant des extensions capillaires avec les cheveux de la défunte dont l'on apprendra très vite les souffrances qu'elle a enduré. Très mauvaise idée vu que ces cheveux ont une conscience propre qui en feront voir à celles qui oseront se les accrocher.
Le cheveu meurtrier n'est pas quelque chose de neuf dans la culture nippone. Les aficionados de mangas matures penseront directement au travail de l'une des références majeures du manga d'horreur qui est Junji Ito. Ceux qui ont lu "Tomié" et "Spirale" sauront de quoi je parle. Et bien naïvement, j'étais persuadé d'avoir droit à la répugnance de ces histoires. Je m'attendais à un truc crade, poisseux et malsain dans la même lignée, qui plus est avec Sono derrière. Hélas, la désillusion fut reine car notre japonais se montre étonnamment sage. Si l'histoire n'est pas sans intérêt, en dépit de quelques longueurs cassant le rythme, c'est surtout le ton qui m'a posé problème surtout après une scène d'ouverture magistrale.
Sion Sono ne semble pas avoir approché Ito pour s'en inspirer et c'est bien dommage car les passages corsés sont soit suggérés, soit assez quelconques sans ne jamais provoquer de dégoût car les effets spéciaux se montrent très archaïques. Certes, des cheveux sortent des globes oculaires des pauvres victimes mais ils sont pâteux et mécaniques dans leur mouvement. Et Dieu sait qu'en 2007, il y avait de quoi rendre la chose réaliste avec toute la modernisation des techniques informatiques.
A mes yeux, l'horreur doit véhiculer 3 choses en quantités plus ou moins disparates suivant la teneur du film : une atmosphère travaillée (réussie ici), le malaise (très perfectible) et la peur (inexistante). "Exte" remplit partiellement ces trois points mais a au moins le mérite de se rattraper sur une histoire bien fichue, quelques passages comique grotesque qui font mouche et une subtile critique de l'obsession de l'apparence physique quitte à se greffer des choses qui ne nous appartiennent pas. En résulte un film en dent-de-scie qui se positionne forcément plus haut si nous le comparons au piètre Hollywood mais sans avoir su saisir un potentiel dégueulasse. Et dire que derrière c'est quand même le gars qui a pondu "Suicide Club" et le trop sous-estimé et machiavélique "Strange Circus". Pourquoi ce puritanisme ? Là est l'éternelle question à l'image du pourquoi les cheveux de la macchabée poussent sans discontinuer.