Ce que j'apprécie particulièrement chez certains réalisateurs japonais, c'est leur capacité à mettre en scène des situations complètement absurdes avec un sérieux qui force le respect. Kenichi Ugana en fait partie. Des scènes du quotidien tout à fait banales sont chamboulées par l'apparition de créatures à tentacules mais personne ne semble s'en émouvoir outre mesure. On retrouve donc ici cet humour dont les japonais ont le secret qui nait de ce décalage permanent entre le comportement tout à fait normal des personnages et les bizarreries auxquelles ils sont confrontés. Saluons ici le talent des actrices et acteurs du film, en particulier Kaoru Koide qui, sans prononcer un seul mot, parvient à nous faire ressentir toute la détresse de son personnage.
La mise en scène reste simple mais efficace. On y retrouve un peu la patte de Jim Jarmusch avec un noir et blanc envoutant et de longs plans qui prennent le temps de construire une ambiance très particulière. La musique participe aussi beaucoup à la réussite de l'ensemble.
La production semble avoir bénéficié de peu de moyens mais l'équipe a su faire face aux difficultés avec beaucoup de créativité. Certes, les créatures ne sont pas au niveau des monstres hollywoodiens mais c'est bien leur côté bricolé qui fait leur charme.
Extraneous Matter est un film charmant que tout amateur·rice de WTF japonais appréciera.