Venu d'au-dessus, ça dévore cru !
Les Vicious Brothers nous avaient surpris avec Grave Encounters mais nous avaient quelque peu déçus avec une suite qui sentait davantage l’opportunité commerciale autour du buzz du premier que la réelle volonté de créer. Les gars ont eu l’idée intéressante, et la bonne année, de nous livrer un produit autour d’enlèvements d’humains par de méchants hommes verts (ou gris en l’occurrence). Les frères réalisateurs ont opté pour le parti pris de faire du neuf avec du vieux. On retrouve donc les soucoupes volantes qui ressemblent à celles des années 50 façon Les soucoupes volantes attaquent, ainsi que des envahisseurs humanoïdes aux membres allongés et aux grands yeux noirs tous droits sortis de X-Files. La direction artistique tranche en revanche littéralement avec ce que l’on a l’habitude de voir, oubliez les aveuglantes lumières et lens-flares bleus, ici on a opté pour le rouge, symbole de la peur primale. L’intérieur du vaisseau alien abandonne également le style blanc immaculé que l’on retrouvait ces dernières années, nous sommes beaucoup plus dans quelque chose s’inspirant du Alien de Ridley Scott, avec sa pénombre et ses murs suintants et dégoulinants de slime répugnant. Non seulement c’est visuellement beau, mais en plus, malgré le budget qui ne paie pas de mine, ça arrive à donner le change et pas un moment la réalisation laisse transparaitre le fait que c’est une maigre production.
Le côté rétinien mis de côté, parlons de l’ambiance qui est parfaitement réussie. Le métrage n’est pas le plus effrayant en la matière, mais les Vicious Brothers en font assez pour maintenir une tension tout du long, ce qui en soit est une réussite, surtout lorsqu’on voit que des pseudos poids-lourds comme Annabelle avoir le droit à une exploitation cinéma en grande pompe pour… pas grand chose. Là où leur oeuvre prend tout son intérêt c’est dans la débâcle de ce couple dont la jeune femme a décidé de quitter son conjoint alors qu’il allait la demander en mariage, mais qui découvrira dans cette nuit d’horreur l’amour réel et insoupçonné qu’elle lui porte. On pourrait presque dire que Extraterrestrial est une romance, Matrioshka inattendue qui se révèle comme une évidence à nos yeux, qui, il faut l’admettre, vont ruisseler dans tous les sens durant la dernière partie. Je vous laisse découvrir ce qu’il se passera, mais au moins vous serez prévenu d’avance, ça vous permettra de trouver un truc un peu plus valable que la poussière dans l’oeil. Que les amis du gore ne déchantent pourtant pas, car au milieu de tout ça vous aurez le droit à une insertion de sonde anale très graphique, The Vicious Brothers n’ont pas volé leur nom !
Seule ombre au tableau, l’action démarre beaucoup trop vite et sur un terrain déjà vu (cabane dans les bois entre potes), la relation du couple se développe réellement qu’un peu tard, et comme les rôles secondaires sont affreusement génériques on baigne durant la première heure dans quelque chose qui n’a rien de particulièrement novateur. On aurait presque l’impression que les auteurs ont commencé leur film avec une super idée de fin sans trop savoir comment s’y rendre, et ont rempli avec de l’ordinaire pour y arriver rapidement.
Extraterrestrial est un long-métrage étonnant. Il comble aussi bien l’amateur de fantastique que d’horreur, d’épouvante, et de façon plus surprenante, de romances. Véritable bombe, il serait criminel de passer à côté tant il est rare de voir des films de cette trempe, a fortiori avec une femme forte en tête d’affiche, rappelant la bravoure d’une certaine Ellen en 1979.