Les films fortement “genrés” (“film de mecs”, “film de filles”) forgeant leur identité et leur tonalité sur un sexe en particulier, faisant appel à des instincts primaires de genre, me laissent toujours un goût d’inachevé.


En l’occurrence ce film de bonhommes se complaît dans les clichés machistes avec si peu de vraisemblance, encore moins de nuances qu’il apparaît très vite comme un film de genre un peu grossièrement taillé. Son ultra-testostéronémisme en fait un objet nanaroïde et aliène le film à cette frange. En fait, pour tout dire, on a l’impression d’être devant une farce, une fable grotesque, une caricature de film d’hommes virils avec les poils qui suintent et les muscles qui saillent.


En me relisant, je me rends compte que le propos est à charge et semble agonir le film. Or, cela ne reflète qu’une partie de mon sentiment. Oui, le film est bas de plafond, oui, Walter Hill en rajoute dans les effets cheaps sur la virilité exacerbée des personnages, oui le tout forme un bloc massif, mais néanmoins, dans ce cadre très étroit, le film reste plutôt divertissant comme peut l’être un film de genre outrancier qui flirte avec le nanar.


J’ai parlé de farce, mais cette acception n’est en aucun cas synonyme de daube dans mon esprit. Au contraire, la farce est une forme de récit noble qui permet parfois de faire ressortir avec efficacité des thèmes, de proposer une critique pertinente ou bien de mettre en place une forme de divertissement percutant. Cette dernière plus-value est celle d’Extrême préjudice.


Je ne pense pas que Walter Hill ait l’intention de se moquer de ses personnages primaires. Il n’en demeure pas moins qu’il sait bien les mettre en scène pour un résultat probant. A l’image du cinéma de Sam Peckinpah, dont il est issu en quelque sorte, Walter Hill produit un spectacle assez marquant. D’accord, on ne s’en relèvera pas la nuit, certes, le propos est réduit mais la forme reste très agréable. Petit, mais costaud.


Peu de place pour les acteurs, si ce n'est Powers Boothe qui cabotine force 6-7 sur l'échelle de Timothy Carey. Nick Nolte reste clinteastwoodien, poker face, jusqu'à la fin. Ce n'est pas dans ce rôle mineur qu'on en apprendra beaucoup sur ses qualités de comédien.


Plus qu'un film d'acteurs, Extrême préjudice est un film d'images viriles, avec tout ce que cela sous-entend de stéréotypes et de platitudes, mais Walter Hill parvient à en faire un récit assez agité pour maintenir le spectateur éveillé et le faire sourire parfois.


http://alligatographe.blogspot.fr/2017/05/extreme-pejudice-hill-nolte.html

Alligator
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le 11 mai 2017

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