On peut revoir cent fois Eyes Wide Shut et ne jamais revoir le même film. Chaque visionnage révèle de nouvelles facettes, de nouveaux angles pour appréhender les personnages ou pour comprendre ce qui se trame derrière cette histoire a priori banale de mari jaloux en perdition.
Le dernier film de Kubrick est un mélange de kaléidoscope et de labyrinthe. On trouve un fil, on le remonte et on en trouve un autre. On se perd en conjectures. On observe les personnages, leur comportement, leurs réactions et on ne sait plus ce qu'ils sont vraiment derrière les masques qu'ils affichent et quels désirs les animent.
William Harford (Tom Cruise) a-t-il vraiment assisté à un meurtre ou ne l'a-t-il pas seulement imaginé ? La soirée au château est-elle satanique et mortifère ou tout simplement libertine et théâtrale. Nous nous projetons dans le regard de William, dans sa fascination et ses angoisses mais qu'en est-il réellement ? Il n'y a là finalement aucune certitude. Que s'est-il vraiment passé ? A la suite de William, ne voit-on pas du film que ce qu'il nous renvoie de nous-même, de nos fantasmes, de nos craintes ? Quelle est la part de réalité et celle du rêve ? La présence du réalisateur Sydney Pollack dans le rôle de Victor Ziegler, confident et mentor de Harford, - et double de Stanley Kubrick (dédoublement qui se retrouve dans les noms mêmes des deux réalisateurs dont beaucoup de lettres sont communes : StanlEY KubriCK / SydnEY PollaCK ) - n'est dans ce sens pas si anodine. Elle place au coeur du film la question de la mise en scène. Et l'idée qu'il puisse y avoir un film dans le film, dans le film....comme ces pièces en miroir qui nous renvoient à l'infini une image déformée de la réalité.
Regardez à nouveau Eyes Wide Shut, les yeux grands ouverts.
Interprétation/personnages : 10/10
Scénario/histoire : 10/10
Mise en scène/réalisation : 10/10
10/10