Eyes Wide Shut c’est l'histoire de Bill Harford (Tom Cruise) un riche médecin de Manhattan et de sa femme, Alice (Nicole Kidman). Une nuit pendant la période de Noël, Bill et Alice vont à une fête somptueuse organisée par l'un des patients de Bill. Durant celle-ci, Alice danse avec un Hongrois fringant, qui essaie de la séduire, et Bill est attiré par une paire de modèles. De retour chez eux, Bill refuse des avances sexuelles d’Alice, frustrée par l'indifférence de son mari, celle-ci lui révèle pour se venger qu'elle aurait eu au cours de l'été précédent, une attirance pour un officier de la marine, et aurait tout laisser tomber pour partir avec lui. Cette scène dégage une atmosphère éprouvante et c’est loin d’être la seule du film. Bill devient alors obsédé par l’aveu d’Alice et l’image d’elle faisant l’amour avec cet officier résonne dans son esprit à travers des flash-back. Une fois que Bill a quitté la maison, il fait une série de rencontres surréalistes avec des prostituées et des bourgeois masqués dans des orgies sectaires.

Eyes Wide Shut est certainement l'un des films les plus ludiques et les plus complexes que j'ai pu voir. Kubrick aborde le sexe d'un point de vue plus intellectuel dans ce qui constitue l'infidélité, ce qui motive la jalousie. Il entasse le film avec toute une série de différents désirs sexuels et obsessions pour que Bill réfléchisse. Toutes ses rencontres le remettent en question. Concernant le rythme du film, il est constant, on ne voit pas les deux heure-quarante défilées, la scène du manoir est exceptionnelle et angoissante, dans un décor cérémonial occulte à l'organisation méticuleuse accompagnée d'une musique et des costumes à rendre fou. La seule vraie inégalité est le temps d'écran que Cruise passe sur Kidman. Le regard est donc plus orienté vers le masculin.

Les attentes étaient élevées, et le réalisateur devait vraiment ressentir la pression de faire un grand film en raison des normes qu'il s'était fixées. La plupart de ses films étaient accueillis avec une grande impatience. Ces attentes exacerbées conduisent inévitablement à la déception, et c’est ce qui s’est produit à la sortie d’Eyes Wide Shut en 99 malgré sa réhabilitation contemporaine. En effet ce qui est un film adulé par la profession aujourd’hui ne l’était pourtant pas en 99 lorsque le film sorti quelques semaines après le décès de Kubrick.

Le film a été commercialisé, puis interprété à tort comme un "thriller érotique" par les critiques et aborde des thèmes bien plus profonds. Tout le long du film de Bill s’interroge sur l'honnêteté face au désir sexuel. Le film est plein de puzzles, d'énigmes et de jeux, il est très orchestré et stylisé. On reste dans l'ambiguïté, la fin est sujette à notre propre interprétation.

Kubrick tout en perfectionniste qu’il était, fit des réécritures constantes, usa de quinze mois de tournage son équipe, un tournage qui se délimite de novembre 96 à janvier 98 avec en prime des re-shoots jusqu’à l’été 98 et un montage final jusqu’en mars 99 soit quelques jours avant sa mort.

Décos de Noël et fêtes somptueuses aux millionnaires puissants et masqués qui s’engagent dans des orgies rituels secrètes tenues dans des manoirs géants, Eyes Wide Shut est peut-être un film de Noël peu conventionnel prés de 25 ans après sa sortie mais cependant idéal pour ceux qui cherchent à échapper émotionnellement à la bonne humeur de cette période de l'année.

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le 22 nov. 2023

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